Libre opinion - Un éditeur de L.-F. Céline réplique au Devoir

Reconnaissons-le, ils savent faire fort au Québec pour vendre leurs salades. Je parle bien entendu de la récente réédition des pamphlets de Louis-Ferdinand Céline.

Tout d’abord, ce sont eux les premiers à publier une édition critique de ces pamphlets, ce qui est malheureusement, et les faits sont têtus comme disait l’autre, parfaitement faux. (Et ce qui ne manquera pas de faire plaisir à François Gardet qui a rédigé les présentations érudites de nos rééditions).


Ils peuvent le faire, eux au Québec, parce que la situation pour les droits d’auteur là-bas est différente de celle d’en France. Ils se moquent de savoir, comme pas mal d’autres d’ailleurs, si elle n’est pas non plus différente au Paraguay où est située notre maison d’édition - ce qui rend d’ailleurs nos rééditions parfaitement légales - et ils règlent le problème en se bouchant le nez, en faisant allusion à des éditions pirates.


Ajoutez à cela, au cas où, pour sabrer la concurrence, un article parfaitement gratuit et dégoulinant de haine contre les éditions de La Reconquête et son responsable publié dans Le Devoir par un [journaliste] à l’imagination débordante du nom de Jean-François Nadeau.


Reste le spécialiste, Régis Tettamanzi, pur produit du système universitaire (Dieu nous garde), responsable de cette réédition critique - la première on vous dit ! -, et là les bras nous en tombent. D’une pauvreté d’esprit à en remontrer aux concierges les plus imbibés, nous avons droit à chacune de ses lignes à un rappel de ses convictions politiques qui sont à l’extrême opposé de « l’ultra droite ». Les idées de Céline puent, mais pas de souci, les hygiénistes de service connaissent leur boulot, et on va vous vendre un Céline tout propre ; et puis il convient de donner des gages, beaucoup de gages, à la communauté juive notamment, la seule visée comme chacun sait dans les affreux écrits du pourtant grand écrivain, pour qu’elle ne s’inquiète pas et pour qu’elle ne pense surtout pas à demander l’interdiction de la publication.


En gros, quand les pamphlets de Louis-Ferdinand Céline sont publiés au Québec, c’est tout joli et il y a des fleurs partout dans les prés ; quand ils sont publiés au Paraguay, c’est affreux, nauséabond et antisémite, et ça sent la charogne. Quand les pamphlets de Louis-Ferdinand Céline sont publiés au Québec, il y a des raisons légales respectables ; quand ils sont publiés au Paraguay, ce ne peut être que du piratage qui mérite la corde. Quand les pamphlets de Louis-Ferdinand Céline sont publiés au Québec, l’éditeur est un charmant garçon raisonnable, d’ailleurs n’a-t-il pas un joli accent ; quand ils sont publiés au Paraguay, l’éditeur ne peut être qu’un immonde salaud nazi. Ainsi vont le monde et sa rigueur morale et intellectuelle.


Le Québec, c’est pas Tahiti, c’est même loin de Tahiti, mais ils savent vous faire passer, avec juste ce qu’il faut de vaseline, des guirlandes de fleurs parfumées (pour l’odeur) autour du cou pour vous vendre le nauséabond Céline.


Pauvre Céline, il méritait mieux pour une réédition critique (la première !) que les éditions Huit, Régis Tettamanzi et Jean-François Nadeau.


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Réplique
 

Dans le cadre d’une « offensive de salut public », Monsieur l’éditeur vend désormais, depuis son bureau du Paraguay, des t-shirts ornés d’une photo de Céline où l’on peut lire : « Louis-Ferdinand Céline n’était pas plus un salaud que vous et moi. » Vraiment ? Je sais pour ma part n’avoir jamais souhaité tel Céline l’élimination des Juifs, ni applaudi les basses pensées d’Hitler et de ses semblables au fil de centaines de pages. Monsieur l’éditeur aime néanmoins le Céline des pamphlets, au point d’en mimer jusqu’aux injures. C’est bien sûr son droit le plus strict que de défendre une pensée ultra nationaliste et corrosive, comme c’est le mien de noter que pareils instincts de mort constituent un univers d’idées dont je ne me réjouirai jamais.

Jean-Francois Nadeau

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