Libre opinion - Conseillers budgétaires contre les hausses
Nous côtoyons chaque jour des hommes et des femmes aux prises avec l’endettement, dont on entend si souvent parler depuis quelques mois. Oui, cet endettement provient d’une consommation facilitée par les multiples formes de crédit disponibles sur le marché. Mais ces gens sont aussi étranglés par la stagnation des salaires observée depuis une vingtaine d’années chez les salariés des classes moyennes, conjuguée aux augmentations diverses (panier d’alimentation, prix de l’essence, taxe santé, tarifs d’électricité, impôt foncier, loyers, forfaits téléphones cellulaires…).
Dans le débat faisant rage actuellement sur la fameuse « juste part », nous ne pouvons rester indifférents. Cela fait des années que nous réclamons aussi que tous fassent leur juste part ! Enfin, le sujet est sur la table ! Quoi ? C’est aux étudiants que l’on demande de contribuer davantage, et ce, alors qu’ils ont déjà subi une hausse de 30 % de leurs droits de scolarité depuis 2005 ? C’est à tous les citoyens gagnant plus de 14 000 $ à qui l’on demande une juste part au moyen d’une taxe santé de 200 $ par personne ? C’est par une taxe à la consommation augmentée de 2 % en deux ans et non modulée en fonction des biens achetés que l’on espère remplir les coffres ?
Qu’apprend-on en parallèle ? La taxe sur le capital est abolie, même pour les entreprises financières ! Les impôts des entreprises sont diminués au fédéral ! Les entreprises pharmaceutiques déménagent et licencient des milliers de personnes malgré les avantages fiscaux qu’on leur offre ! On continue de payer nos médicaments 38 % plus cher que la moyenne des autres pays de l’OCDE !
Nous, conseillers budgétaires travaillant dans des organismes communautaires présents aux quatre coins du Québec depuis 45 ans, disons NON ! C’est assez ! Nous affirmons, encore et encore : il y a d’autres solutions !
Nous avons activement participé à l’élaboration d’alternatives fiscales qui permettraient de récolter plusieurs milliards de dollars pour le gouvernement, donc pour nous tous, sans recourir ni à la privatisation ni à la tarification de nos services publics (pour consulter ces suggestions humblement offertes au gouvernement depuis deux ans et qui n’ont pas été débattues à une Assemblée nationale pourtant en quête désespérée de moyens de remplir ses coffres : www.nonauxhausses.org).
Élus, au pouvoir ou dans l’opposition, en particulier M. Charest et Mme Beauchamp, lâchez les matraques et cessez les manoeuvres indignes de vos fonctions. Remporter une élection ne signifie nullement gouverner avec des oeillères pendant quatre ans. La lutte étudiante actuelle nous apparaît comme un symptôme d’un problème bien plus vaste : l’individualisation du financement de projets de société comme l’éducation ou la santé. La conséquence de cette vision de la société : plus de gens incapables de joindre les deux bouts et qui viendront de plus en plus nombreux nous rencontrer pour des consultations budgétaires. C’est déjà le cas, avant même la deuxième hausse des droits de scolarité en dix ans et celle de 30 % des tarifs d’électricité prévue dans les prochaines années.
La coupe est pleine et se déverse dans la rue.
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Ont signé ce texte : Johanne Arnould (ACEF du Nord de Montréal) ; Hélène Arsenault (ACEF Lanaudière) ; Jacques Audet (ACEF de l’Est de Montréal) ; Émilie Bernet-Pelletier (ACEF de l’Est de Montréal) ; Valérie Berthelette (ACEF Montérégie-est) ; Simone Bilodeau (ACEF Rive-Sud de Québec) ; Sylvie Bonin (ACEF Estrie) ; Maryse Bouchard (ACEF de l’Est de Montréal) ; Johanne Carrier (ACEF Amiante-Beauce-Etchemins) ; Olga Cherezova (ACEF de l’Est de Montréal) ; Martin Cloutier (ACEF Amiante-Beauce-Etchemins) ; Isabelle Dauphin (ACEF du Nord de Montréal) ; Paule Desharnais (ACEF Amiante-Beauce-Etchemins) ; France Desroches (ACEF Ile-Jésus) ; Karine Doyon (Service budgétaire St-Félicien) ; Julie Dussault (ACEF Sud-Ouest de Montréal) ; Eduarda Freitas (ACEF Ile-Jésus) ; Dominique Gagnon (ACEF du Nord de Montréal) ; Clémence Gagnon (ACEF de Québec) ; Colette Girard (CRIC Port-Cartier) ; Roger Guay (ACEF Amiante-Beauce-Etchemins) ; Francine Hamel (ACEF de Québec) ; Claudine Inizan (ACEF Ile-Jésus) ; Carole Laberge (ACEF du Nord de Montréal) ; Sylvain Lafrenière (ACEF du Nord de Montréal) ; Annie Lamarre (CRIC Port-Cartier) ; Chantal Lapointe (ACEF Rimouski-Neigette et Mitis) ; Nancy Leduc (Service budgétaire St-Félicien) ; Isabelle Mailloux-Béique (ACEF du Nord de Montréal) ; Martine Marleau (ACEF de l’Est de Montréal) ; Danielle Morneau (ACEF Amiante-Beauce-Etchemins) ; Jacinthe Nantel (ACEF Basses-Laurentides) ; Julie Paquin (ACEF Basses-Laurentides) ; Nicole Picard (ACEF Ile-Jésus) ; Sophie Racine (Service budgétaire Lac-St-Jean-est) ; Mélanie Rioux (ACEF Rive-Sud de Québec) ; Kristelle Rivard (ACEF Estrie) ; Gabriele Roehl (ACEF Sud-Ouest de Montréal) ; Normand Roy (ACEF Amiante-Beauce-Etchemins) ; Édith St-Hilaire (ACEF Rive-Sud de Québec) ; Isabelle Thibeault (ACEF Sud-Ouest de Montréal) ; Denise Turcotte (ACEF Estrie).
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