Vivre avec une maladie débilitante et les souffrances qu'elle entraîne, parfois en sachant que la mort nous attend, voilà qui est déjà suffisamment difficile —, mais imaginez le stress supplémentaire lorsqu'on n'arrive pas à obtenir des médicaments d'ordonnance essentiels. Or, les Canadiens sont aux prises avec des pénuries persistantes de produits pharmaceutiques d'usage courant, comme les médicaments de traitement du cancer, les antibiotiques, les analgésiques et les vaccins, et notre pays n'est doté d'aucune stratégie cohérente pour faire face au problème.

Pour les médecins, cela signifie que du temps précieux qui devrait être consacré aux soins des patients est passé plutôt à consulter les pharmaciens pour trouver des médicaments de rechange. Cela signifie que des chirurgies nécessaires doivent être reportées. Mais, plus grave encore, cela signifie que les patients souffrent de ne pas recevoir les traitements appropriés.

Au cours du dialogue public que l'AMC a organisé l'an dernier au sujet de la transformation des soins de santé, nous avons entendu dire que les pénuries de produits pharmaceutiques inquiètent énormément les Canadiens. La population veut que les gouvernements provinciaux et territoriaux unissent leurs efforts à ceux du gouvernement fédéral afin de s'attaquer à ce problème de façon coordonnée.

Or, s'ils ne constituent pas en soi une solution aux pénuries de médicaments, les renseignements à leur sujet peuvent toutefois contribuer à en alléger les répercussions. Les détails sur les produits en rupture de stock, la durée des pénuries, les produits de rechange disponibles et les régions géographiques touchées peuvent aider les médecins alors qu'ils s'efforcent de composer avec les pénuries.

Cependant, alors que l'Association médicale canadienne travaille avec Santé Canada et d'autres intervenants à mettre en place un système de partage d'information basé sur le Web, cela ne répond pas aux besoins immédiats des patients.

Nous avons besoin que le gouvernement du Canada se serve de tous les leviers auxquels il peut avoir recours, y compris des incitatifs économiques qu'il leur procure, pour faire pression sur les fabricants de produits pharmaceutiques afin de faire en sorte que les patients du Canada puissent obtenir les médicaments dont ils ont besoin.

De fait, la Société canadienne des anesthésiologistes, qualifiant la situation de crise imminente, a demandé à la ministre fédérale de la Santé de prendre les devants pour élaborer des stratégies nationales permettant d'anticiper, d'identifier et de gérer les pénuries de produits pharmaceutiques médicalement essentiels qui menacent la santé et la sécurité des patients dans toutes les régions du pays.

Une caricature publiée récemment dans un éditorial montrait un médecin dans une allée obscure tentant d'acheter des produits pharmaceutiques auprès d'un revendeur... Malgré l'exagération évidente pour effet comique — car il est bien évident qu'aucun médecin n'aurait recours à un tel stratagème —, la caricature illustre bien la situation désespérante dans laquelle nous nous retrouvons.

Pendant que des efforts sont faits pour démêler ce chaos, les médecins du Canada continueront à faire tout ce qu'ils peuvent légitimement faire afin de trouver une façon de traiter leurs patients. Mais, franchement, nous ne devrions pas être obligés d'aller à la recherche de médicaments pour nos patients, pas plus que tout autre citoyen d'un pays tel que le nôtre.

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John Haggie - Président de l'Association médicale canadienne (AMC)