Libre opinion - Devenir partenaire et associé d'une enquête
Je dois avouer que ma première réaction, à l'écoute de la vidéo de présentation de la commission d'enquête sur l'industrie de la construction par sa présidente, la juge France Charbonneau, a été la perplexité. Et ce, pour deux raisons.
La première découle sans doute de mon conditionnement. À force de voir des gens importants, ou qui se veulent importants, rouler des mécaniques, au sens figuré bien sûr, chercher le «Kodak» de façon à nous impressionner et à nous donner l'impression qu'ils sont les seuls à pouvoir s'occuper de nos affaires et que nous pouvons dormir en paix, on finit par s'engourdir dans la crédulité. Ils sont tellement habiles qu'ils arrivent à nous faire croire que nous ne sommes que des spectateurs plutôt que des acteurs et que nous ne pouvons rien faire dans notre propre vie.Or, voilà une personne très importante — son travail est crucial si nous voulons vraiment assainir notre monde immédiat — qui, avec humilité, se présente devant nous avec assurance et crédibilité pour nous dire à quel point son équipe est compétente, mais qu'ultimement si nous voulons vraiment faire un ménage en profondeur, elle va avoir besoin de nous. D'observateurs que nous sommes, elle nous demande d'être partenaires. Elle nous rappelle que c'est de notre société qu'il s'agit et non pas d'une abstraction qu'elle veut que nous assainissions ensemble. Elle tente de nous réveiller, elle. Et ça, c'est très précieux.
La seconde raison de ma perplexité de départ, c'est le réflexe primaire qui m'a d'abord donné l'impression que l'on me demandait de faire de la délation. Or, après réflexion, ce que l'on attend de nous, ce n'est pas une «dénonciation par intérêt méprisable», mais plutôt une association à cette commission. D'avoir la chance, avec d'autres, de faire partie de ce combat contre les malfrats qui nous pillent. C'est une chose de réclamer une commission d'enquête, mais avoir l'occasion d'aider activement ceux qui ont le courage et la compétence pour le faire, c'est une occasion que nous ne devons pas laisser passer. C'est maintenant ou jamais.
Albert Einstein n'était pas qu'un savant. C'était également un homme d'une grande sagacité. Il nous mettait en garde contre la lâcheté et la politique de l'autruche. Son message était clair et lucide quand il disait: «Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.»
Aujourd'hui, ceux qui savent ont un choix à faire. Que légueront-ils à ceux qui viennent? Auront-ils honte, auront-ils peur, ou saisiront-ils l'occasion de devenir des héros pour leurs enfants et leurs petits-enfants? Peu importe ce que vous avez fait, ou évité de faire jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, ici et maintenant, ne gâchez pas cette occasion qui ne reviendra jamais.
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Pierre Roy - Longueuil