Libre opinion - Moins de querelles et plus d'unité

Dans l'édition du Devoir du 23 août, je suis au centre de la photo illustrant la phrase du député péquiste Sylvain Gaudreault: «Il y avait trop d'extrémistes à leur assemblée», parlant de l'assemblée du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ), qui s'est tenue le dimanche 21 août.

Monsieur Gaudreault, réduire une assemblée citoyenne de plus de 400 personnes à une rencontre où «il y avait trop d'extrémistes», c'est lui enlever son droit d'expression. Il est si simple de faire peur, et si difficile de faire confiance.

Un extrémiste «manifeste des opinions extrêmes» (Larousse). Il est vrai que plusieurs personnes ont présenté des propositions visant à atteindre rapidement l'indépendance. Ceci n'est pas de l'extrémisme, mais simplement une position politique qui semble être éloignée de celle de votre parti.

Il y avait de l'ouverture, de l'écoute et de la créativité à l'assemblée du NMQ. Et du courage. Les propositions n'étaient pas soumises à un vote ou à une critique, c'était une occasion d'expression, d'écoute et de rencontre.

J'ai passé plus d'une décennie à étudier et oeuvrer en design et créativité. J'ai observé combien l'expression et l'écoute des idées les plus originales permettent d'arriver à de meilleures décisions. Serait-il possible que ce qui vous a le plus choqué à cette assemblée soit la liberté d'expression? Les rencontres auxquelles vous participez habituellement laissent-elles peu de place à la diversité d'opinions?

Ce dimanche-là, chaque personne avait deux minutes pour s'exprimer. Une règle égalitaire qui fut plutôt bien respectée. J'ai eu l'impression de participer à une sorte de remue-méninges, à une expérience collective me permettant d'avancer dans une démarche politique créative. Monsieur Gaudreault, est-il possible que ceux et celles que vous qualifiez d'extrémistes soient des créatifs? La créativité est forte au Québec, c'est une force qui irrite souvent ceux et celles qui sont conservateurs.

J'ose croire que nos actions créatives et collectives d'aujourd'hui peuvent améliorer le monde de demain. Je suis un père de famille qui ne veut plus d'un monde qui place le profit avant l'humain. Je suis un citoyen d'un petit pays se noyant dans un vaste pays, mais je crois que notre petit pays a le pouvoir et le droit de devenir un très grand pays. Cette conviction exige une grande foi en l'humain, une réelle confiance, de l'amour et de l'ouverture. J'ai de la difficulté à trouver ces qualités dans votre regard sur cette assemblée.

La très grande majorité des participants à cette rencontre y étaient pour se rapprocher de ce qui leur tient à coeur, pour écouter et rencontrer des gens, pour découvrir un nouvel outil. Un parti ou un mouvement n'est qu'un moyen pour arriver à une fin et non une fin en soi. Même l'indépendance est un moyen et non une fin. Plusieurs des personnes qui étaient là partagent l'objectif d'un pays «vert» où les citoyens forment le plus puissant des lobbys, dans une démocratie exemplaire, avec une Constitution qui protège et propulse ce qui nous tient le plus à coeur. Cet objectif nous unit bien plus qu'un moyen ou un autre d'y arriver.

Nous sommes dans le même bateau, le même Québec, et pour la durée de la traversée, on ne se querelle plus, on s'unit, M. Gaudreault. Pour moi, un parti est comme un pont. Si un pont s'effrite et tombe, on ne le pleure pas, on en construit un autre. Le plus important n'est pas le pont, c'est d'arriver à destination. Nous devons faire un bout de chemin tous ensemble, nous sommes capables de le faire. Ensuite, s'il le faut, nous reprendrons nos distances.

J'en ai assez de voir des politiciens se battre pour leur ego ou leur parti, alors qu'il est urgent de prendre soin de nos ressources, de nos enfants, de nos amours. J'en ai assez d'être empoisonné, de participer à l'empoisonnement de la Terre, et de voir les enfants subir cet empoisonnement depuis le ventre de leur mère.

Monsieur Gaudreault, vous êtes passé à côté de mes intentions et de celles de beaucoup de citoyennes et citoyens présents à cette assemblée. Cette action citoyenne, sincère et non partisane, dont j'ai fait partie, vous l'avez entachée d'une couleur qui n'était pas la sienne. C'était une action citoyenne visant l'atteinte, ensemble, d'un tout bien plus grand que toutes ces partisaneries.

Au fond, nous sommes unis. Je pense qu'il faudrait qu'on se parle.

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François Cliche - Montréal

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