Libre opinion - La démocratie est l'affaire de tous
Dans votre lettre d'opinion sur la question de la circulation sur le Plateau-Mont-Royal publiée dans Le Devoir du 2 juin 2011, vous affirmez que les interventions des commerçants à l'assemblée publique qui s'est tenue le 31 mai dans une église du Plateau-Mont-Royal étaient «manifestement planifiées». Par qui, pouvez-vous nous le dire, et comment? Vous affirmez également qu'il n'y a «aucune écoute possible avec ces gens-là», qu'ils formaient le tiers des participants à l'assemblée et que c'était donc un exemple «d'assemblée paquetée grand style désinformation-intimidation». Vous parlez également de la présence de «nombreux commerçants de l'avenue du Mont-Royal» et affirmez que cette présence «rappelait la même méthode d'intimidation employée l'automne dernier par les sociétés de développement commercial du Plateau pour contrer l'augmentation du tarif des parcomètres».
Permettez-nous de rectifier les faits dont votre apparente méconnaissance vous invite à en faire une utilisation erronée. Ce 31 mai, ce sont environ 300 citoyens qui ont pris part à l'exercice démocratique proposé par le maire Luc Ferrandez, toutes des personnes dont la présence, malgré leurs allégeances, était parfaitement légitime.De ces citoyens, contrairement à ce que vous prétendez, environ une vingtaine, tout au plus, étaient des commerçants. De ceux-là, aucun n'avait de commerce sur l'avenue du Mont-Royal, et un seul représentant des SDC du Plateau-Mont-Royal y était, soit M. Michel Depatie, directeur de la Société de développement de l'avenue du Mont-Royal. Leur présence n'était pas moins importante ou plus déplacée que celle des autres. Ils y étaient afin de partager librement leur opinion. Ce qui a pu vous donner faussement l'impression qu'il y en avait une centaine est probablement le fait que plusieurs résidants ont pris la défense des commerçants pour la simple raison qu'ils tiennent eux aussi à la qualité de l'offre commerciale de leur quartier. [...]
Un mot sur les commerçants. Ceux-ci, pour plusieurs, résident sur le Plateau-Mont-Royal et beaucoup travaillent dans le quartier depuis de nombreuses années. Une bonne partie d'entre eux se sont grandement investis et ont participé très activement au développement de l'offre commerciale exceptionnelle que l'on y retrouve aujourd'hui et, par corollaire, de la qualité de vie qui fait l'envie de nombreux quartiers et villes. En outre, aux élections municipales, les commerçants peuvent exercer leur droit de vote dans la municipalité où se trouve leur commerce et ont donc le droit d'exprimer leur opinion au même titre que tous les autres citoyens. Et surtout, les commerçants de proximité, dont les revenus personnels sont généralement beaucoup moins élevés que ce dont on a l'habitude de penser, paient des taxes foncières beaucoup plus élevées que les résidants, pour des services qui profitent à tous.
Vous admettrez, devant cet «autre» aspect de la réalité commerçante, que la présence et le droit de s'exprimer des commerçants du Plateau-Mont-Royal est tout à fait légitime et qu'il est donc fort agaçant de vous lire, d'autant plus que vos propos relatifs aux commerçants ne font que nuire à leur réputation et à la compréhension objective de leur réalité. Les commerçants ne sont pas contre les résidants, ils sont avec eux.
Ils sont pour une vitalité commerciale qui réponde à ces mêmes résidants, tout en assurant en même temps la pérennité de leur entreprise. Les commerçants n'ont pas raison sur tout, mais ils ont une grande connaissance du commerce et ils méritent, pour cette raison, d'être consultés adéquatement avant que des décisions et des mesures qui peuvent affecter leurs activités soient prises et adoptées.
Enfin, vous ne semblez pas apprécier le travail effectué par les sociétés de développement commercial dans notre quartier. Ce travail, sachez-le, n'a aucunement pour mission de détruire le quartier voire de miner la qualité de vie et la quiétude dont jouissent ses résidants. C'est évidemment tout le contraire, et nous le prouvons depuis 26 ans sur l'avenue du Mont-Royal, depuis 11 ans sur leboulevard Saint-Laurent et bientôt depuis un an dans la rue Saint-Denis, à travers différents événements qui animent le quartier tels que Nuit blanche sur tableau noir, Bécik vert, l'organisation d'activités culturelles, le réaménagement de la place Gérald-Godin, pour ne nommer que ces actions.
Parfois, peut-être, avons-nous une vision différente de ce qui peut améliorer les conditions de vie et d'affaires sur le Plateau, mais nous sommes entièrement en droit de l'exprimer pour en informer l'ensemble des acteurs qui composent notre quartier, puisque, comme vous le mentionniez, «nous sommes toujours en démocratie». Et, oui, nous sommes très inquiets vis-à-vis des mesures qui rendent les artères commerciales moins accessibles et qui affectent la sécurité des résidants.
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Normand Roy et Michel Depatie - Président et directeur général de la Société de développement de l'avenue du Mont-Royal