Libre opinion - Mirador : la mise en scène d'une profession
Les téléséries mettent en scène des médecins, des policiers, des sportifs, des journalistes et, maintenant, des relationnistes, qui tentent d'être courageux, avisés, compétents et honnêtes, mais qui parfois se trompent ou sont lâches, incompétents et malhonnêtes. Dans le cas de Mirador — et avec la réserve que nous n'avons vu qu'un seul épisode —, ces pulsions contradictoires sont incarnées par deux frères qui revêtent (surtout pour le «méchant») un aspect caricatural.
Les meilleures téléséries, celles qui nous interpellent et dont nous gardons un vif souvenir, mettent en scène l'humanité des personnages davantage que leur situation professionnelle. Nous nous attachons à eux ou, au contraire, nous les détestons, non pas parce qu'ils sont de bons médecins, de bons avocats ou de bons relationnistes, mais parce qu'ils font preuve de courage ou de lâcheté, de noblesse ou de perfidie. La vraisemblance des situations mises en scène importe peu. Ce qui est recherché, c'est un décor et un prétexte qui permettront aux personnages d'exprimer des émotions et des sentiments exacerbés comme un maquillage de théâtre.Le réel et le télévisuel
La vie réelle ne fait pas un bon téléroman. Pour retenir l'attention de l'auditoire, il faut condenser à l'extrême et forcer le trait. Non seulement on ne retient que les situations les plus dramatiques, mais encore, on les exagère.
Ainsi, le travail quotidien des relationnistes est-il très différent de ce que nous a donné à voir ce premier épisode. Les professionnels en relations publiques ne sont pas les «deus ex machina» que nous présente la série. Au service du gouvernement du Québec, d'Hydro-Québec et de plusieurs institutions publiques et privées, j'ai participé à des débats publics très intenses et j'ai contribué à gérer de multiples crises. Ces expériences me permettent d'affirmer que le succès repose toujours sur des dossiers solidement étayés et sur des relations professionnelles empreintes de respect mutuel avec les journalistes et les représentants des divers groupes impliqués.
Pour ce qui est de l'esbroufe et de la manipulation, tout relationniste d'expérience confirmera que personne n'a jamais avantage à tromper le public et les journalistes, car s'il est possible de le faire durant une courte période de temps, la vérité finit toujours par émerger. Le conseil fondamental donné à toute personne ou toute organisation en situation de crise est de faire preuve de la plus grande transparence possible.
L'éthique est une préoccupation quotidienne de première importance, car elle est le fondement de la crédibilité du relationniste, donc de son efficacité. Reconnaissant cela, plusieurs centaines de praticiens des relations publiques se sont regroupés dans une association professionnelle, la Société québécoise des professionnels en relations publiques, et s'astreignent à l'observance d'un code d'éthique dont l'article premier les appelle à «exercer leur profession conformément à l'intérêt du public et dans le respect de la dignité des personnes».
Tout relationniste qui n'observe pas ce précepte fondamental le fait au détriment de sa crédibilité et nuit à l'ensemble de sa profession.
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Guy Versailles - Membre de la Société québécoise des professionnels en relations publiques
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