Phobie et islamophobie
La lettre d’Amira Elghawaby publiée le 6 juin dans Le Devoir est fort bien écrite et arrive à nous faire vivre la tristesse et la détresse de gens ordinaires qui sont aux prises avec les réactions violentes déclenchées par leurs convictions religieuses affichées. On ne peut que souhaiter que ces comportements agressifs sous couvert d’une action militante motivée par une phobie ou une croyance soient mis au ban de toutes les sociétés.
Le mot « phobie » est à la mode. Nous n’avons plus de craintes, nous avons des phobies. […] Ce qui distingue la phobie d’une peur raisonnable est son caractère imaginaire ; il s’agit d’une appréhension qui n’est pas reliée à une réalité attestée.
Durant les dernières décennies, la faction extrémiste de la religion musulmane, souvent nommée islamisme, a perpétré un très grand nombre d’actes violents [...]. Cette violence est-elle motivée par une menace avérée ou est-elle une phobie ? Il est incontestable que certains pays qui sont sous la gouverne de théocraties islamiques sont fort éloignés de ce que l’on pourrait appeler des sociétés tolérantes envers la diversité religieuse et même d’opinion. Cet état de fait en convainc plusieurs de considérer la religion musulmane comme le cheval de Troie de l’extrémisme politique islamiste. Cette violence, cautionnée par de nombreuses autorités musulmanes, menace très peu la société canadienne actuelle. Cependant, elle peut fort bien être le sujet d’une crainte fondée.
Je me range du côté des tolérants. Je crois que toutes les religions ont des vérités à offrir. Cependant, la violence qui prend assise dans des convictions religieuses n’est pas plus légitime qu’une autre. Lorsque la religion musulmane condamnera fermement les agressions de musulmans envers les non-musulmans, je crois que ses communautés à travers le monde seront perçues de façon très différente.