De la peur, des jeunes et des queers
Parlons brièvement des jeunes.
À voir l’actualité, je me suis dit qu’il serait bon de faire un petit rappel tout bête. Disons plutôt qu’il serait judicieux de parler de ce qui se passe dans la province voisine, le Nouveau-Brunswick, où le premier ministre a proposé de forcer les établissements scolaires à dévoiler aux parents des mineurs qui veulent garder l’anonymat si ces derniers ont décidé de s’identifier à un autre genre que celui assigné à la naissance, ou encore ont changé de prénom pour la même raison.
Premièrement, il serait bon de rappeler qu’il y a une raison bien simple pour laquelle, au départ, cette information n’était pas tenue d’être dévoilée aux parents. Et la raison est que la sécurité des jeunes, qui peuvent parfois se trouver dans une famille qui ferait preuve de transphobie et d’homophobie, en dépend. C’est tout simplement pour éviter que ces mêmes jeunes ne soient rejetés par leur famille et/ou ne subissent de pressions pour renier leur identité. Parce que grandir dans un cauchemar où ta famille te renie et déteste ce que tu es est, disons-le, pas le meilleur des scénarios pour éviter les traumatismes.
Donc, à la base, il s’agit de faire preuve d’humanité et de protéger la santé et la sécurité des jeunes. Rien d’autre.
Mais, comme un poison, les idées politiques venues du sud de la frontière font leur chemin peu à peu ici chez les politiciens les plus à droite, et ce, depuis un bon moment déjà. On peut facilement le voir au fédéral ainsi qu’au provincial, où certaines figures publiques désignent ceux et celles qui font de la drag, et du même coup les personnes trans, comme étant un danger pour les jeunes. De plus en plus, ce genre de discours fait son chemin dans la population à force qu’il soit martelé. Il suffirait d’oublier pour qu’on se souvienne, parce qu’il s’agit du même discours qu’il y a 50 ans, quand on criait à qui voulait l’entendre que les hommes gais allaient pervertir les enfants. Le monde change, mais pas tant que ça. Pourtant, rien de ce malheur qui avait été prédit ne s’est produit.
Et aujourd’hui, tout doucement, cette haine est de retour. Cette haine qui prétend vouloir protéger pour mieux exclure. Et bien qu’on puisse se sentir à l’abri dans une province qui se vante de son « ouverture », le soleil ne sera pas couché sur notre bienveillance que l’intolérance ne prendra pas le temps de sonner. Elle s’installera bien au chaud dans le salon de nos opinions pendant qu’on la regardera faire.
Et à ce moment-là, il sera peut-être déjà trop tard.