Le scénario cousu de fil blanc du 3e lien
De toute évidence, les stratèges de la CAQ auraient conçu un plan concernant l’abandon du 3e lien. Cette opération se ferait en quatre étapes : maintien de la promesse de sa réalisation lors de l’élection, nomination stratégique de Geneviève Guilbault au ministère des Transports, annonce de modifications importantes par rapport au projet initial et, enfin, acte de contrition des députés caquistes qui ont été floués par le bureau du premier ministre Legault.
En effet, tout au long de la campagne électorale, les ténors de la CAQ de la région de Québec ont défendu bec et ongles le controversé projet ; les Éric Caire, Martine Biron et Bernard Drainville ont ainsi creusé le tunnel de leurs contradictions. Ce faisant, ils ont coupé l’herbe sous le pied d’Éric Duhaime et de son parti, qui ne s’en sont jamais remis.
Puis, à la suite de l’écrasante victoire de la CAQ, François Legault a procédé à la nomination de la vice-première ministre au poste de ministre des Transports et de la Mobilité durable. Cette nomination était essentielle dans le plan stratégique de la renonciation à venir. On a jugé en effet que l’ex-titulaire du ministère des Transports, François Bonnardel, n’avait pas ce qu’il fallait pour affronter le tsunami qu’allait provoquer cette décision.
Ensuite, profitant de la saison printanière propice à un certain désintéressement de la chose politique de la part des électeurs qui ont le goût de changer d’air, les membres influents autour du premier ministre ont décidé de lancer la bombe de l’abandon de la portion automobile du 3e lien. Sous une montagne de documents et d’études contradictoires, la ministre Guilbault a tenté de donner un sens à une décision qui constituait un virage à 180 degrés de son parti.
Enfin, en apprenant la nouvelle presque en même temps que les médias, les députés caquistes, défenseurs du projet initial, ont dû se contorsionner devant leurs électeurs, allant de la contrition larmoyante à la stupéfaction à peine dissimulée. Tout cela pour démontrer qu’ils n’ont pas été partie prenante de cette volte-face.
La CAQ paiera-t-elle un prix politique pour ce revirement qui annonce une fin possible de l’aventure du 3e lien ? La grogne de certains députés caquiste entraînera-t-elle des départs ? Legault réussira-t-il à rétablir le lien avec les électeurs désabusés par ce mauvais film de série B qui finit mal pour eux ? La devise « Je me souviens » sera-t-elle de nouveau oubliée ?