Twitter et les médias d’information
Twitter a étiqueté CBC, le pendant anglophone de Radio-Canada, comme média financé par un gouvernement, au même titre que des médias d’information de pays au régime autoritaire tels que la Russie ou la Chine, comme si, aux yeux du nouveau propriétaire de Twitter, tout média financé par le public est nécessairement partial, propagandiste et porteur de désinformation.
Ce réseau social passe sciemment sous silence le fait qu’une entreprise d’information publique comme CBC/Radio-Canada (reconnue d’ailleurs mondialement) rehausse la qualité de l’information au pays avec des émissions aux contenus culturels, des enquêtes et de grands reportages à l’étranger, tandis que le privé a tendance à aller au plus petit dénominateur commun avec des émissions de téléréalité insipides et une programmation souvent empreinte de sensationnalisme pour gonfler les cotes d’écoute.
De plus, en quoi un média d’information privé aurait-il plus le monopole de la vertu journalistique ? Souvent chapeautés par de grands conglomérats, les médias privés doivent répondre à des impératifs de rentabilité, fréquemment au détriment de l’objectivité de leurs journalistes, qui s’imposent eux-mêmes une censure de peur de contrevenir à l’idéologie politique des propriétaires de ces médias, quitte à propager de la fausse information afin de leur plaire (pensons à Fox News, aux États-Unis, qui a présentement des démêlés avec la justice pour une affaire de désinformation liée à la dernière élection présidentielle).
Twitter n’est pas à sa première fronde contre les médias d’information. Il a déjà suspendu des comptes de journalistes et a appliqué le même qualificatif « affilié à un État » à des médias américains et britanniques publics ou semi-publics pourtant renommés pour la qualité de l’information, tout comme CBC. De manière plus inquiétante, le réseau social a même réintégré des comptes autrefois suspendus pour des cas patents de désinformation et de propos d’extrême droite.
Le nouveau patron de Twitter proclame haut et fort vouloir protéger la liberté d’expression, mais agit dans les faits de façon contradictoire et même contraire aux valeurs démocratiques sous-jacentes à ladite liberté d’expression.