Retrouver l’UNEQ
Le conseil d’administration de l’UNEQ souhaitait transformer une association professionnelle qui fonctionnait efficacement depuis plus de 45 ans en un syndicat professionnel pour tous les scribes.
Après avoir obtenu du gouvernement le statut d’« artiste de la littérature », les membres, lors de diverses consultations discutables, ont finalement remis en question le plan d’affaires syndical. Devant ce refus, le CA actuel démissionnait fin mars.
Que s’est-il passé ? L’UNEQ, fondée en 1977 par des écrivains littéraires, s’était ouverte à travers les ans aux auteurs de tous genres et aux autoédités. Le CA a voulu répondre aux besoins de l’ensemble de ses membres. Ce faisant, il a ignoré la distinction proposée par Barthes entre « écrivant » et « écrivain », ce dernier, poète, romancier ou essayiste, se projetant intégralement dans son œuvre, avec une vision originale et un langage qui lui est propre ; tandis que l’écrivant utilise l’écriture comme simple outil de communication.
Si des auteurs non littéraires souhaitent négocier avec les éditeurs des conditions collectives, les écrivains littéraires, par contre, n’ayant pour patron qu’eux-mêmes, n’ont aucun besoin d’un syndicat. Le contrat d’édition littéraire, par définition, est un document personnel, signé avec un éditeur choisi à l’occasion comme simple imprimeur et diffuseur, mais surtout pour aider l’auteur à enrichir son œuvre.
Entrer en littérature n’est pas un droit, mais un choix. L’écrivain littéraire n’est pas « un artiste de la littérature », il n’a pas à se soumettre à des règles administratives, corporatives ou syndicales. Le véritable écrivain n’est pas corvéable à merci et doit demeurer libre.
Le nouveau conseil d’administration, qui sera élu en mai prochain, doit reconnaître que la loi syndicale est inadéquate pour les écrivains, en aviser le ministre de la Culture et permettre à l’UNEQ, dans sa Maison des écrivains, d’assumer le rôle qu’elle tenait depuis sa fondation, c’est-à-dire poursuivre les divers programmes et défendre la littérature. Les auteurs non littéraires, de leur côté, pourraient alors, avec l’aide des membres de l’ancien CA, mettre sur pied le syndicat auquel ils aspirent, ou peut-être se joindre à d’autres entités.