La révolte s’impose
Ce qui se passe à Rouyn-Noranda interpelle tout le Québec. Il s’agit d’un affrontement entre une population captive et la multinationale Glencore. Ses dirigeants savaient depuis des décennies que les émanations produites par la fonderie Horne étaient toxiques, mais ils n’auraient rien fait si les scientifiques n’avaient alerté la population et les pouvoirs publics qui, après bien des tergiversations, ont exigé que la multinationale se conforme à certaines normes environnementales, pourtant bien au-dessus des seuils que la science recommande. Tout ceci grâce à la mollesse de notre gouvernement, qui ne fait que reproduire celle des gouvernements précédents, tous partis confondus.
Et voici que l’on s’apprête à déplacer une partie de la population de la ville, pour permettre à la fonderie Horne de continuer à polluer. On atteint ici le niveau de l’inacceptable, non seulement pour la population de Rouyn-Noranda, mais pour tout le Québec. Si nous avalons cette couleuvre, ce sont des serpents qu’on nous fera avaler à l’avenir.
Glencore se comporte exactement comme les fabricants de cigarettes il y a quelques décennies. Et elle menace de quitter Rouyn-Noranda si on la force à respecter la santé des résidents. La menace est-elle réelle ou s’agit-il d’un chantage ? C’est difficile à dire. Mais imaginons que la menace soit réelle et que, devant les exigences environnementales qu’on lui imposerait, Glencore décide de fermer boutique. Ce serait un coup dur pour les 650 employés et leurs familles. Mais la question qui se pose est la suivante : faut-il accepter de mourir à petit feu ou d’être arraché à son domicile pour permettre à une multinationale d’engranger des profits ?
On peut estimer réalistement que chacun des 650 emplois fait vivre trois personnes, pour un total de quelque 1950 citoyens. La population de Rouyn-Noranda étant de 43 000 habitants, cela représente 4,5 % de la population. La fermeture de la fonderie Horne serait un coup dur, mais pas une catastrophe. Qu’on pense à l’amiante, interdite au Québec en 1990. De nombreux travailleurs ont alors perdu leur emploi. Qu’ont-ils fait ? Ils ont retroussé leurs manches et se sont trouvé un autre emploi. La même chose se produirait à Rouyn-Noranda.
Dans son éditorial du 21 mars, Marie-Andrée Chouinard parle de « l’asservissement public face à la toute-puissance entrepreneuriale ». Avec l’appui de tout le Québec, Rouyn-Noranda pourrait montrer au monde entier qu’il y a des limites à ce que le capitalisme sans âme peut imposer à une population.
Il est temps de nous révolter.