Naufrage programmé
La politique de nivellement par le bas du ministère de l’Éducation (!) du Québec, sous-tendue par une gestion financière qui tient davantage de l’approche manufacturière visant avant tout à remplir les classes plutôt qu’à offrir une formation rigoureuse, est à l’origine du déplorable français qu’on note depuis des années chez une gent à qui on « vend » trop de diplômes afin de rentabiliser écoles, cégeps et universités. Une approche qui, d’ailleurs, n’inclut pas davantage le souci de la maîtrise de la langue que celle d’une formation pointue en matière de métiers ; ce qui correspond à lancer nombre de navires prenant l’eau.
Le jour où on a accordé plus d’importance à la capacité de transmettre un message qu’à sa forme, sans que soit exigé le moindre préalable sous l’aspect de la connaissance historique du français et de cette finesse qui le caractérise par rapport à l’approximatif dialecte américain, on a causé un tort considérable à notre société, un tort qui nous ramène à ce franglais du siècle dernier qui découlait de l’ignorance d’une société analphabète et forcément illettrée.
Ainsi se gargarise-t-on actuellement du même verbe qui avait cours à l’époque de 1923, faute, d’ailleurs, de ne pas avoir su démontrer que la langue anglaise ne saurait se passer du français sans carrément disparaître. Pour s’en convaincre, il suffit d’éliminer les mots français ou d’origine française de son discours pour découvrir qu’il n’en reste plus rien, ou presque ; que des lambeaux. En somme, notre maîtrise de l’anglais passe obligatoirement par celle de notre langue maternelle. Ne pas le comprendre conduit droit au naufrage.