Continuons… d’attendre
Il n’y a pas de problème politique qui, pour Justin Trudeau, ne puisse se résoudre par l’inaction. Il nous revient notamment en mémoire le long blocage des chemins de fer en 2020 ou encore l’occupation de la colline du Parlement à Ottawa. Pour le dossier du chemin Roxham, qui perdure depuis des années, le dossier des GAFAM, celui des paradis fiscaux, les maigres transferts en santé (qui rendent toutes les autres missions des provinces exsangues) ou l’ingérence chinoise, la tactique est toujours la même : attendre et gagner du temps jusqu’à ce que les problèmes et leurs solutions soient déposés à ses pieds.
N’eût été la présence de Chrystia Freeland, une femme forte qui n’y va pas par quatre chemins, il y a fort à parier que l’aide à l’Ukraine aurait subi le même sort.
Le Canada connaît un brusque réveil face aux menaces qui pèsent sur sa démocratie. Rappelons que, selon l’Economist Intelligence Unit, seulement 8 % de la population mondiale vit au sein de pays pleinement démocratiques, contre 37 % dans des pays autocratiques et autoritaires, les autres pays connaissant de sérieuses lacunes en matière de gouvernance. La même source révèle que les deux tiers de la population mondiale résident dans des pays, soit alignés sur la Russie, soit neutres à l’égard de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, les actions insidieuses de la Chine ne concernent pas seulement les élections, mais l’achat de ressources naturelles, le financement de la recherche de pointe dans les universités et son ancrage dans les laboratoires de recherche gouvernementaux et les entreprises.
Même les démocraties sont aux prises avec une crise de confiance à l’égard de leurs institutions (gouvernements, médias traditionnels, entre autres). Le rapport du baromètre Edelman révèle que 68 % des Québécois accordent leur confiance aux médias traditionnels, contre 27 % aux médias sociaux, comme le rapportait récemment Le Devoir (Annabelle Caillou, 15 mars 2023). Cette confiance dans les médias traditionnels baisse à 60 % pour l’ensemble du Canada, contre 48 % aux États-Unis et 51 % au Royaume-Uni. Selon une autre source (Reuters Institute for the Study of Journalism), si 53 % des Canadiens francophones disent pouvoir faire confiance à la plupart des informations la plupart du temps, il en est bien autrement dans d’autres pays démocratiques, comme en France et aux États-Unis, où le taux chute à 30 %.
Bref, l’attentisme du gouvernement Trudeau, la menace des pays autocratiques sur la démocratie et la crise de confiance que connaissent plusieurs pays démocratiques requièrent un meilleur leadership à Ottawa, peut-être une personne comme Chrystia Freeland.