Attention! Ce texte contient des passages choquants.

J’ai obtenu un baccalauréat ès littérature française à la fin des années 1980. Avant d’entreprendre cette lettre d’opinion, j’ai replongé dans certaines de ces monographies qui m’avaient alors déstabilisée. De L’immoraliste de Gide, on retient évidemment la pédophilie. Mais comment ne pas être aussi révoltée par ce passage où un fils aîné tente de violer une jeune servante : « comme elle se débattait, le père intervenant aida son fils, et de ses mains énormes la contint […] le cadet, témoin du drame, s’amusait. » Plongée dans Les enfants du sabbat d’Anne Hébert, une fois encore la nausée s’empare de moi en imaginant cette scène où un homme « prit dans sa main son sexe tout gonflé et le mit de force dans le petit sexe de la fillette qui hurlait de douleur ». Quant à Justine ou les malheurs de la vertu de Sade, je suis toujours dégoûtée face à cet extrait dans lequel Thérèse toute nue relate « qu’on me lie à l’arbre par une corde qui prend le long de mes reins ». Puis des animaux sont lâchés, « ils s’élancent tous trois sur mon malheureux corps, on dirait qu’ils se le partagent pour qu’aucune de ses parties ne soient exempte de leurs furieux assauts ».

Malgré ma répugnance face à ces lignes, je n’ai aucun regret à les avoir découvertes. Cela m’a permis de réfléchir à divers aspects de l’existence. Que se produira-t-il si on ne lit que des « œuvres lessivées », comme les qualifiait l’auteur et professeur Patrick Moreau dans son texte sur « La disparition de littérature » ? Désire-t-on ressembler à des personnages de La petite vie ?

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