Delirium très mince
Vladimir Poutine persiste et signe avec enthousiasme dans son délire victimaire. Son sentiment d’exister semble conforté par la création d’ennemis, pas de compétiteurs ni même d’adversaires, mais bien d’ennemis qui veulent sa perte, la sienne et celle de tout son peuple. Si on s’imagine que la patrie est menacée, si l’empire perdu doit être reconquis, il faut passer à l’attaque, même si la force n’est plus ce qu’elle était et que, ce soir, on ne fait plus peur au monde. L’ancien État leader de la moitié de la planète est maintenant bien seul, et ce ne sont pas la Serbie ou l’Iran qui pourront l’aider à triompher. Le délire victimaire aura tout de même réussi à faire surgir des ennemis bien réels qui ne rechignent pas à dépenser des milliards pour que la petite Ukraine puisse faire échec à un gros ours mal léché. Et dire que l’OTAN passait pour une organisation en état de mort cérébrale avant que Poutine ne la ressuscite avec l’intrusion de ses troupes et ses pluies de missiles ! On aurait d’ailleurs bien du mal à relever des signes tangibles d’une quelconque volonté de l’Occident de détruire la Russie. Après un an d’une guerre proprement interminable, Vladimir Poutine voudrait bien faire trembler le monde avec son discours-fleuve, mais peut-être que, une fois descendu de la tribune, c’est lui qui tremble, s’il a encore quelque contact avec la réalité du terrain.