Greenwashing à l’anglaise
On apprenait récemment que la pétrolière britannique BP allait repousser sa transition verte pour augmenter ses investissements (et ses profits) dans les hydrocarbures. Le phénomène est généralisé, les conditions du marché sont extrêmement favorables et les bénéfices du secteur pétrolier atteignent des sommets historiques. Il y a peu, la CBC présentait un reportage sur une autre entreprise britannique, Drax, qui opère une importante centrale thermique au Royaume-Uni et qui utilise un carburant vert : les granules de bois. À l’instar de beaucoup d’entreprises, ces géants économiques qui se réclament de la vertu pratiquent, sans aucune imputabilité, une certaine forme d’écoblanchiment.
Dans le cas de BP, le stratagème est connu : miser sur des projets verts pour couvrir et poursuivre des activités émettrices de GES. Le dossier du captage du carbone en est un excellent exemple. Plusieurs décennies de promesses bafouées et de subventions englouties nous démontrent ces pratiques mensongères qui obtiennent une certaine légitimité avec la complicité de nos gouvernements. Du côté de Drax, la transition verte subventionnée à coups de millions de livres sterling par les contribuables présente, finalement, un bilan carbone plus élevé que les différents types de charbon. Pire, l’entreprise effectue actuellement des coupes à blanc dans des forêts primaires de la Colombie-Britannique ; nos forêts du futur s’envolent en fumée.
Ces pratiques irresponsables et insensées relèvent, à mon humble avis, du crime contre l’humanité. Avec leur multiplication dans tous les secteurs d’activités commerciales, il est urgent que les gouvernements votent des lois pour empêcher de telles violations. On peut aussi évoquer les campagnes publicitaires des constructeurs automobiles, et leurs porte-parole issus du vedettariat local, qui exploitent la nature, la faune et la flore pour promouvoir leur gamme de véhicules énergivores. Même chose pour l’arnaque d’Alliance Nouvelles voies qui va profiter des subventions publiques pour poursuivre la croissance de l’exploitation des sables bitumineux. Il ne peut y avoir de projets verts sans dresser un bilan exhaustif de l’ensemble des activités qui le composent. Également, et c’est un fait avéré et incontournable, il ne peut y avoir de transition verte sans une importante diminution de la demande énergétique. À ce chapitre, il est également essentiel de constater qu’aucune forme d’énergie, verte ou renouvelable, ne pourra remplacer les carburants fossiles.