La guerre comme une manière de vivre

Déjà presque un an que cette guerre absurde fait rage en Ukraine et on ne voit toujours pas de fin à l’horizon. On assiste plutôt à quelque chose de chronique, le développement durable de la démolition. La Russie ne veut pas, ou ne peut pas, écraser l’Ukraine sous un tapis de bombes et l’Ukraine, grâce à toute l’aide qu’elle reçoit, tient bon. On peut même se permettre de planifier des programmes de formation pour enseigner le fonctionnement des équipements militaires les plus avancés. Les destructions d’habitations et d’infrastructures d’utilité publique, étonnamment, n’empêchent pas le pays de fonctionner (si on peut dire), et le nombre de victimes, civiles et militaires, est maintenu à un niveau « raisonnable » (si on peut dire, encore). Les pertes russes semblent être beaucoup plus importantes, mais, dans un pays de 145 millions d’habitants, la chaîne d’approvisionnement pour la chair à canon ne connaît pas de rupture de stock. N’en déplaise à Poutine, le président ukrainien et son gouvernement semblent bien en selle et pas près de demander grâce. Vladimir Poutine, de son côté, règne en maître à peu près incontesté et peut compter lui aussi sur l’appui de son bon peuple grâce à son contrôle de l’information et à sa machine de propagande, agrémentée lorsque nécessaire d’un peu de répression.

Alors nous, pauvres de nous, on regarde impuissants ce spectacle insupportable. On veut bien être accueillants envers les réfugiés ukrainiens, mais on sait que la solution ne peut être de vider le pays de sa population. On envoie de l’armement, il le faut bien, pour maintenir un certain équilibre, mais on doit éviter d’en faire trop, car il y a des limites à jouer avec des allumettes dans la tasserie de foin.

Prenant un pas de recul, on sait que l’agression est un comportement pratiqué ou subi depuis la nuit des temps. Mais comment ne pas être complètement découragés quand on voit la quantité phénoménale de ressources et d’intelligence que les sociétés consacrent aux armements : les chars, les missiles, les systèmes de guidage, etc., pour attaquer ou se défendre. On aurait pu penser qu’avec le temps, on aurait réussi à se débarrasser d’une bien mauvaise habitude.

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