Pour l’attribution de notes

L’abolition de la notation scolaire à l’école Henri-Beaulieu a suscité des critiques. Des enseignants ont réagi en affirmant que « les notes ne sont pas une loi de la vie », mais qu’elles participent d’une « idéologie méritocratique » nocive. Si la formation des élèves doit tenir compte de leurs parcours particuliers, l’évaluation formelle, non. Les notes indiquent leur capacité à satisfaire des exigences nécessaires à l’apprentissage systémique de toute discipline. Elles permettent de vérifier que l’élève maîtrise les savoirs réputés essentiels à sa vie future.

Le stress associé à la notation ne justifie pas son abolition. L’école abonde en sources de stress. Faut-il abolir les cours d’éducation physique pour ceux qui les craignent ? Abolir les cours en présence pour ceux qui souffrent d’anxiété au contact d’autrui ? L’école est un milieu d’apprentissage et de socialisation qui prépare à la vie adulte. Celle-ci n’est pas exempte de stresseurs, dont plusieurs marqueurs de succès. Les enseignants et les élèves doivent adopter une attitude saine quant à la performance : dépasser ses propres limites, acquérir des connaissances sont en soi des réussites. Les élèves peu performants ne devraient pas inspirer l’intransigeance des enseignants, mais être encouragés à progresser.

Les notes ne punissent pas l’erreur, mais récompensent la rigueur et la précision. Prendre des risques et essayer d’aller au bout d’une idée ont des mérites certains, mais la justesse et l’exactitude sont des valeurs suprêmes. Les auteurs souhaitent que la moindre tentative des élèves soit récompensée et ils n’ont pas tort puisque c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Mais ces efforts n’ont de sens que s’ils visent à acquérir des connaissances ou à améliorer des savoir-faire. Il faut encourager les élèves à reconnaître la valeur de l’effort et de la justesse, cultiver chez eux le désir de progresser et le soin de l’exactitude, l’indulgence envers soi-même et la patience qu’exige le travail bien fait.

Enfin, les enseignants n’ont pas à évaluer « le mérite individuel de leurs étudiants », et d’ailleurs, ils n’en ont pas les compétences. Le mérite d’une personne, en effet, ne dépend pas de sa capacité à satisfaire les exigences scolaires. Les enseignants doivent cependant évaluer cette capacité, qui a son importance pour la bonne marche de notre société et pour l’avenir des élèves.

  

À voir en vidéo