Jouer les seconds violons, vraiment ?
S’il y a une expression qui me tarabuste les sens, c’est bien « jouer les seconds violons ». Premièrement, on peut considérer qu’il s’agit là d’un anglicisme, soit une traduction littérale de « to play the second fiddle ». Ne faudrait-il pas mieux dire alors : jouer un rôle de second plan ?
Surtout, l’amoureux que je suis de la musique classique est en mesure de constater que lors de l’exécution d’une oeuvre pour violon et orchestre de Bach ou de Mozart, par exemple, lesdits seconds violons jouent un rôle primordial dans l’accompagnement d’un violoniste invité. Et on ne parle surtout pas d’un rôle de second plan.
Que seraient en effet les Quatre saisons de Vivaldi sans l’unité de tous les instruments à cordes nécessaires au bon rendu de ces quatre concertos de génie ? D’ailleurs, lors d’une prestation qu’elle donna en 2014 de cette oeuvre, la violoniste Janine Jansen salua un long temps tous les musiciens qui l’avaient accompagnée sur scène.
Alors, quand j’entends dire par exemple que les députés d’un gouvernement jouent les seconds violons, si on les compare aux ministres, j’aime à me convaincre qu’il s’agit là d’un compliment qui leur est adressé.
Quand je vais voir une pièce de théâtre, tous les comédiens et comédiennes sur scène sont pour moi des interprètes de premier plan. La pièce a beau avoir des rôles principaux, il n’y a aucun interprète sur scène qui joue un rôle de second plan. Et donc, là aussi, personne ne joue « les seconds violons »