Le CH et la RBC comme le feu et l’eau
Bien des partisans du Canadien de Montréal ont grimacé lors de l’annonce de la nomination de Nick Suzuki au poste de capitaine. Ce n’est cependant pas le choix de cet excellent joueur qui a indisposé les amateurs des jadis Glorieux, mais bien l’apparition d’un espace publicitaire sur le chandail des joueurs. Outre l’aspect profanateur de cette présence sur la mythique Sainte-Flanelle portée depuis 1909 par certaines de nos plus grandes idoles, il y a aussi l’identité du commanditaire, qui, en pleine campagne électorale, a de quoi en faire tiquer plus d’un.
En effet, la Royal Bank of Canada (RBC) figure au sommet de la liste de ces grandes entreprises canadiennes qui ne se sont jamais gênées pour se mêler sans scrupule des choix démocratiques des Québécois. Qu’on se souvienne que, trois jours avant l’élection du 29 avril 1970, le Royal Trust, alors propriété de la RBC, orchestra une vaste manipulation des médias et de l’électorat en organisant devant son siège social montréalais un long convoi de camions blindés de la Brink’s pour feindre une fuite massive des capitaux. [...]
Lors de l’adoption de la loi 101, en 1977, la RBC s’opposa virulemment à la francisation de ses activités au Québec, arguant qu’il serait alors impossible d’y mener des opérations bancaires internationales dignes de ce nom. La RBC a aussi menacé de quitter le Québec en cas de victoire du Oui au référendum de 1980.
En septembre 1992, la RBC récidiva en publiant une étude prédisant un désastre économique advenant l’accession du Québec à la souveraineté, ainsi qu’une explosion des taux d’intérêt et une dégringolade du dollar canadien si le Non l’emportait au référendum sur l’Accord de Charlottetown. En janvier, le président de la RBC, Allan Taylor, avait tenu les mêmes propos devant ses actionnaires. Ce petit manège reprit de plus belle au moment du référendum de 1995.
Alors, qu’on se le dise, non seulement l’étoffe du chandail des Richard, Béliveau et Lafleur est-elle désacralisée, mais c’est en plus pour nous vanter une RBC qui, à de multiples reprises, n’a eu cure du droit des Québécois à l’autodétermination.