Suprême inconséquence
[…] La Cour suprême des États-Unis a signé l’annulation de l’arrêt pro-avortement Roe v. Wade, que pourtant 70 % des Américains appuient selon un sondage de mai 2022. Et dans un autre jugement impliquant l’industrie du charbon, la Cour limite grandement le pouvoir de l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) de réglementer les émissions de gaz à effet de serre, même si encore une vaste majorité des Américains (72 %) considère les changements climatiques comme un réel problème selon un sondage de l’Université Yale en 2021.
Il est alors facile de constater que l’influence d’un certain monde des affaires avide de profits et de groupes de pression religieux vient d’atteindre un nouveau sommet auprès des institutions politiques américaines. Le pouvoir judiciaire, la Cour suprême […] n’est plus un instrument de progrès et de stabilité comme elle le fut jadis. Force est de constater qu’elle devient progressivement un simple organe idéologique et dogmatique de certaines minorités influentes dont les intérêts vont à l’encontre de la volonté de la majorité en violation du principe de séparation des pouvoirs si cher aux Pères fondateurs. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que son prestige et sa crédibilité décroissent de plus en plus, selon ce qu’indiquent d’autres récents coups de sonde.
Finalement, il est intéressant de souligner le caractère contradictoire et l’inconséquence de ces deux jugements de la Cour suprême américaine concernant l’avortement et les gaz à effet de serre. De l’un, on cherche à protéger la vie à tout prix, mais de l’autre, on prend des mesures anti-environnementales qui polluent l’atmosphère des générations futures et qui fragilisent plus que jamais la pérennité de la vie humaine sur Terre en contribuant à la crise climatique…