Pour un permis de travail temporaire du Québec
Le gouvernement du Québec prévoit que plus de 30 000 personnes utiliseront le chemin Roxham pour entrer de façon « irrégulière » au Canada en 2022. Une part importante de ces personnes se retrouvent à l’aide sociale en attendant de recevoir leur permis de travail du gouvernement du Canada. Or, obtenir un permis de travail prend du temps, trop de temps. Il faudrait en moyenne de 10 à 11 mois avant qu’un demandeur d’asile puisse le recevoir, selon certaines sources.
Du point de vue personnel, social et économique, il est déraisonnable de cantonner ces personnes à l’aide sociale alors que l’on comptait près de 260 000 postes vacants au Québec, d’après les dernières données disponibles (mars 2022). Ces personnes, venues au Québec pour avoir une meilleure vie, ne sont pas les seules à attendre leur permis. On compterait des centaines de résidents non permanents qui seraient aussi en attente.
Le domaine de l’immigration est une compétence partagée, et le gouvernement du Québec réclame plus de pouvoirs dans ce secteur, notamment pour le regroupement familial. Mais, à notre avis, il peut faire encore plus et rapidement puisqu’il a le plein pouvoir de « délivrer » lui-même des permis dans ses champs de compétence. Évidemment, un tel permis de travail temporaire ne s’appliquerait qu’aux secteurs de compétence provinciale, soit à environ 90 % de la main-d’œuvre, ainsi qu’à l’intérieur des frontières du Québec. Cela serait une première pour une province au Canada. Toutefois, les contrôles à la frontière, et donc l’entrée au pays, demeureraient une pleine responsabilité fédérale.
Il pourrait s’agir, dans un premier temps, d’un projet pilote applicable jusqu’à ce qu’une solution permanente au « chemin Roxham » soit mise en œuvre. Selon ses résultats, ce projet pilote pourrait être élargi à certaines catégories de travailleurs temporaires. L’effet de ce scénario sur la disponibilité de la main-d’œuvre serait immédiat et nettement supérieur à l’impact que pourrait avoir un « rapatriement » des pouvoirs dans la réunification des familles.
Des critères pourraient être appliqués pour l’octroi du permis. On pense notamment à une connaissance minimale du français, à l’engagement d’un répondant résidant au Québec, etc. Il pourrait être remis au moment de l’admission à l’aide sociale. Et comme ces demandeurs ont déjà traversé la frontière, le permis de travail entrerait en vigueur dès sa délivrance et pourrait être renouvelable, annuellement, jusqu’à ce qu’une décision soit prise sur le dossier par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada quant à l’admission à titre de réfugié, et serait révoqué en cas de décision négative.