Série sur la DPJ: les parents dans l’angle mort
Lors du bilan de la série sur la DPJ, on n’a absolument pas évoqué la pauvreté dans laquelle vivent une majorité de familles. Malgré le floutage des visages, on pouvait tous reconnaître les signes d’une pauvreté réelle, non seulement économique, mais aussi sociale et culturelle. Et c’est en raison de cette appartenance sociale que, dans cette série comme dans la vie, les parents sont rarement entendus et consultés. Leur expérience ne semble pas compter. Pourtant, eux aussi ont des choses à dire sur l’institution de la DPJ, sur les services reçus, sur la façon de travailler des intervenants. Comment peut-on espérer gagner leur collaboration s’ils ne sont pas considérés comme des partenaires ? Trop souvent, les parents se sentent assujettis, ne serait-ce que par le langage qu’on leur impose et qui n’est pas le leur : on leur demande de « nommer » leurs émotions, d’avoir des attitudes « appropriées », de travailler sur « l’estime de soi ». Idem en ce qui concerne les exigences, celles-ci sont souvent imposées sans avoir été véritablement réfléchies avec eux. Quand, dans un épisode, l’intervenante relève, en réprimande contre le père, que sa fille, en visite pour une nuit, est retournée à l’école avec les mêmes vêtements que la veille, il y a un malaise. Peut-être que ce même père a préparé un bon déjeuner pour sa fille, peut-être lui a-t-il proposé de se rendre à l’école en trottinette ? On ne saura rien des efforts de ce père puisqu’il n’y a pas de place pour les entendre. Changer de culture, c’est reconnaître le poids de la pauvreté d’un grand nombre de familles usagères de la DPJ, c’est reconnaître le peu de considération envers les personnes vivant dans la pauvreté et c’est remettre en question notre manière de travailler avec elles.