Et le taux d’échec de socialisation, ça se mesure?

Cette semaine, une étude statistique réalisée par le ministère de l’Éducation dévoilait une augmentation du taux d’échec pour les apprentissages du français et des mathématiques, particulièrement pour les élèves du secondaire. Depuis le début de la pandémie, ce scénario anticipé demeure, à juste raison, la préoccupation première de tous. Or, au-delà du fait d’instruire, l’école québécoise a aussi la mission de socialiser. Pour certains, et plus spécifiquement pour les adolescents, la socialisation est souvent la motivation première pour se rendre à l’école.

Les interactions sociales permettent un apprentissage qui n’apparaît pas dans le curriculum pédagogique attendu, mais qui n’en demeure pas moins un savoir essentiel. Raconter, expliquer, comprendre, débattre, convaincre, déduire, interpré-ter, exprimer ses besoins ; tout cela passe par la communication et s’actualise par l’interaction avec l’autre.

Le moteur qu’est la socialisation à l’école permet de former des adultes socialement compétents pour s’intégrer en société et pour assumer pleinement leur rôle de citoyens engagés dans leur communauté. La socialisation demeure la pierre d’assise du vivre ensemble.

Malheureusement, depuis des mois, les élèves du secondaire sont confinés à leur écran ou leur «bulle classe» dans la seule optique de maintenir ou de poursuivre le programme pédagogique du ministère. Certes, ils partagent leur temps en présentiel, mais lors de ces quelques journées de classe, ils demeurent enfermés dans une bulle et sont inondés d’apprentissages concentrés et d’évaluations. Par ailleurs, ils ne dispo-sent d’aucun moyen de se réunir à l’extérieur de l’école depuis la mise en place des nouvelles mesures.

Les bulletins nous donnent de l’information précieuse concernant les apprentissages des élèves. Toutefois, qu’en est-il de la socialisation ? Qui l’éva-lue ? Comment mesurer les
effets à court, moyen et long terme ? Les audiologistes et les orthophonistes, spécialistes de la communication et de l’interaction humaine, sonnent l’alarme depuis le début de la pandémie.

Au-delà des problèmes grandissants de santé mentale, de motivation scolaire ou de bulletins inquiétants, quel pourcentage donnerons-nous à la socialisation d’ici la fin de l’année scolaire ? Que mettrons-nous en place dans la nouvelle normalité pour remédier à cette longue absence d’interaction ? Que ferons-nous pour que la réussite de nos jeunes surpasse la seule notion scolaire ? L’école, par sa mission, a la responsabilité de se poser cette question fondamentale. Après tout, ce sont ces mêmes jeunes qui seront les artisans de la société de demain qui, on l’espère, sera plus ouverte, la main tendue vers l’autre.

  

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