Un revers de plus pour les enfants en difficulté

Il est totalement incompréhensible, pour ne pas dire scandaleux, d’entendre que les enfants en difficulté scolaire importante ne pourront pas avoir accès à leur orthopédagogue cette année après des mois de pause, COVID-19 oblige. En effet, nous avons été informés que des orthopédagogues seront appelés à prendre en charge une classe ordinaire pour pallier le manque de professeurs titulaires, laissant en plan les élèves en difficulté. Plusieurs personnes âgées sont mortes depuis quelques mois par négligence dans notre beau pays, COVID-19 oblige. Maintenant, ce sont les enfants les plus vulnérables qui passent à la trappe et qui ne pourront pas s’en sortir à cause de la fameuse COVID-19 au dos large.

On assiste à une période de régression majeure en ce qui a trait aux droits des enfants et à une grande négligence pour ce qui est de ce cas particulier concernant des enfants en grand besoin. Il y a eu d’abord les problèmes de santé mentale et d’anxiété toxique occasionnés par le confinement des enfants, et il survient maintenant une autre suppression de soutien essentiel, parmi tant d’autres, pour la réussite scolaire des enfants avec des troubles d’apprentissage, un abus par omission, COVID-19 oblige.

N’y a-t-il pas dans ces compressions et omissions répétitives un grand laisser-aller, pour ne pas dire une carence profonde de nos responsabilités envers les enfants qui date même d’avant la pandémie et qui s’accélère maintenant à un rythme effarant ? Cela en a tout l’air à mon avis.

L’orthopédagogue est pour l’enfant en difficulté d’apprentissage ce que le psychologue est pour l’enfant anxieux ou dépressif, une bouée de sauvetage, un guide rassurant, un soutien essentiel. Ils étaient déjà peu nombreux avant la COVID-19, ils ne seront plus du tout présents avec cette décision abusive dans la région de Montréal.

Ce qui est à prévoir pour ces enfants, c’est une immense perte d’intérêt, une anxiété croissante, une perte d’estime d’eux-mêmes et une ouverture vers un décrochage scolaire pratiquement garanti, même au primaire. Tout cela pour une décision administrative qui n’a aucun sens. C’est le même genre de folie que d’envoyer en plein désastre un urgentologue ou un intensiviste donner des bains aux personnes en perte d’autonomie, alors qu’ils devraient continuer à sauver des vies. On en est là dans notre beau pays.

Abandonner les plus vulnérables de la société, enfants et personnes âgées, quand le bateau coule, correspond à un appauvrissement grave de nos valeurs et de notre finalité. Sommes-nous prêts et moralement assez déficients pour continuer dans ce sens ? Si oui, on devrait peut-être penser à mettre sur pied un système parallèle de protection des enfants et des vieux pour les protéger de la bêtise humaine.

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