À qui sert le Publisac?

La Ville de Montréal a récemment tenu sa consultation publique sur le contrôle des circulaires visant, entre autres, à limiter la distribution du Publisac sur son territoire. Nous comprenons que cette orientation vise à réduire à la source la quantité de papier et de plastique produite et distribuée sur le marché. L’administration municipale semble toutefois oublier que cet outil, souvent regardé de haut, est d’une grande importance pour plusieurs organismes communautaires, comme nous, qui viennent en aide aux moins bien nantis.

Tout d’abord, les ménages à faible et moyen revenus utilisent les circulaires du Publisac pour faire des économies, gérer leur budget, créer leur liste d’épicerie et s’alimenter sainement. Internet, dont l’accès semble facile et banal pour tous de nos jours, est aussi loin d’être accessible pour ces ménages. Dans les faits, il représente un luxe pour plusieurs.

D’ailleurs, l’effet rassembleur pour nos membres de consulter les circulaires autour d’une table est puissant. La distribution de porte en porte répond également au besoin de certaines personnes ayant de la difficulté à se déplacer en leur permettant de planifier leurs achats et d’optimiser leurs déplacements à l’avance.

Selon les chiffres de la Ville de Montréal, 37 % des ménages montréalais, ou 339 000, vivent avec moins de 35 000 $ de revenu par année. Ces ménages, pour des raisons économiques, sociales et de santé, doivent faire des pieds et des mains pour combler leurs besoins alimentaires. Les rabais liés aux circulaires et les coupons permettent de réduire de façon substantielle la facture moyenne d’une épicerie.

À titre d’exemple, le coût moyen d’une portion alimentaire dans les cuisines collectives tourne autour de 1 $. Le travail que nous faisons avec les cuisines collectives permet de nourrir plusieurs bouches à raison d’un ou deux repas par jour, et ce, pour au moins deux semaines. Ce sont donc des centaines de dollars annuellement que des ménages défavorisés peuvent épargner tout en s’offrant toutes les semaines des repas santé à prix abordable.

Plusieurs autres organismes communautaires voués non seulement au soutien alimentaire, mais aussi à l’appui à la littératie et aux ressources d’accueil pour les nouveaux arrivants utilisent chaque semaine le Publisac dans différents ateliers et activités pour favoriser l’autonomie et la prise en charge individuelle et collective. L’ensemble des activités que nous organisons contribue à l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Par la suite, nous réutilisons les circulaires et le sac pour d’autres besoins et nous les déposons dans le bac à recyclage afin qu’ils soient recyclés.

En conclusion, réduire la portée des circulaires, dont le Publisac, mettrait en péril notre source d’économies récurrentes pour offrir des repas à meilleur prix. Cela aurait également des conséquences importantes sur nos cuisines collectives et nos ateliers d’apprentissage, qui permettent de créer un réseau d’entraide et de briser l’isolement social. Les organismes communautaires savent la différence que peut faire ce genre d’outil.

Est-ce bien ce que recherche la Ville de Montréal ?

*Co-signataires de cette lettre:
France Joyal, présidente, Cuisine collective À toute vapeur !
Carole Therrien, coordonnatrice des cuisines collectives, Maison de Quartier Villeray André Huberdeau, président, Fondation pour l’alphabétisation
Brigitte Juteau, formatrice, Centre des lettres et des mots Le 15 novembre 2019

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