Boycottons les vins australiens
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) entendait cette semaine la plainte déposée l’an dernier par l’Australie contre le Canada.
L’Australie reproche à Ottawa de violer ses obligations internationales en tolérant dans quelques provinces (dont le Québec) des modes de distribution qui favorisent « injustement » les producteurs locaux au détriment de ses producteurs de vin à elle.
Au Québec, les producteurs australiens vendent seize fois plus de vin que nos producteurs. Ailleurs, la concurrence québécoise n’existe pas. Mais cette industrie milliardaire en veut plus ; comme le loup de la fable, l’industrie viticole australienne accuse indirectement la SAQ de troubler son breuvage.
On croit généralement que le simple citoyen est impuissant face aux conflits commerciaux qui opposent les États. Pourtant, nous avons affaire ici à un produit de consommation — le vin australien — dont nous pouvons nous passer en raison des nombreux vins provenant d’ailleurs.
Il serait temps que nous donnions une leçon à ce grand capital qui se croit tout permis. D’où l’idée, simple, de boycotter les vins australiens.
D’ici à ce que l’OMC rende son jugement, j’ignore si l’Australie peut encore retirer sa plainte. Mais même s’il est trop tard, une chute brutale et permanente des ventes de vins australiens au Québec sera de nature à dissuader d’autres pays à suivre l’exemple de l’Australie.
De plus, aucun traité international ne peut forcer les gens à acheter un produit dont ils ne veulent pas. Donc, l’OMC ne peut rien faire contre chacun d’entre nous. C’est la loi du marché. Or le marché, c’est nous.
Au-delà de nos actions individuelles, il serait bon que celles-ci soient appuyées par nos institutions.
La Société des alcools du Québec pourrait mettre bien en évidence, dans la section des vins australiens, une grande affiche où on pourrait lire : « Chaque fois que vous achetez un vin australien, une partie de votre argent servira à nuire à l’économie du Québec. »
Les employés de la SAQ devraient être formés pour être capables de bien répondre aux questions que susciterait cet avis.
Quant au gouvernement de la CAQ, j’imagine que son nationalisme économique serait compatible avec un tel boycottage, ce qui trancherait avec l’immobilisme niais du gouvernement qui l’a précédé.