Le Canada à la tête de la MINUSMA?

Il est incompréhensible qu’après une année de présence à peine, Ottawa retire son contingent militaire de la mission des Casques bleus des Nations unies (la MINUSMA) au Nord-Mali, dont le mandat est de sécuriser la région où sévissent de nombreux groupes terroristes. Faut-il rappeler que six Canadiens (dont cinq Québécois) ont été assassinés depuis 2016 au Burkina Faso, le pays voisin du Mali, et qu’une Québécoise y a été prise en otage à la mi-décembre ?

Malgré des intérêts politiques et économiques canadiens très importants accumulés en Afrique de l’Ouest au cours des cinq dernières décennies, se chiffrant à des dizaines de milliards de dollars en aide publique au développement, en assistance humanitaire et en investissements privés, surtout de sociétés minières canadiennes dans tous les pays de la région, le Canada se contente de laisser la France, les États-Unis et l’ONU assumer la responsabilité de la protection de nos pays amis, dont le Sénégal, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Ghana, le Nigéria, entre autres, incapables d’assurer seuls leur propre sécurité. Par le fait même, Ottawa abandonne à d’autres la défense de nos propres intérêts et de nos propres citoyens !

La guerre contre le terrorisme, qu’il s’agisse d’al-Qaïda au Maghreb islamique, du groupe armé État islamique, de groupes armés locaux au Sahel, de Boko Haram au Nigéria ou des narcotrafiquants qui font transiter la drogue par le Sahara vers l’Europe, sévit en Afrique de l’Ouest. En se retirant de la MINUSMA l’été prochain sans annoncer quelque nouvelle contribution, Ottawa abdique sa responsabilité. Le Canada doit fournir sa contribution pour lutter contre ce fléau, ce que l’ONU lui donne l’occasion de faire. Comme toutes les missions de l’ONU, la MINUSMA a un commandement « tournant », déjà assumé par plusieurs pays européens et africains. Il serait temps que le Canda, pays bilingue dont les forces armées sont parmi les plus compétentes et expérimentées du monde, invité avec insistance, notamment par la France et l’ONU, assume ce commandement à son tour.

À voir en vidéo