Discréditer Kent Nagano
M. Christophe Huss,
Lorsque j’ai lu votre critique « Beethoven comme hygiène musicale », j’étais atterrée. Il n’est plus nécessaire de discréditer Kent Nagano. Nous avons compris cela depuis longtemps.
Votre travail est de nous aider à comprendre la complexité d’une oeuvre, à l’apprécier.
Puis-je vous rappeler que nous ne sommes plus au temps de Beethoven et des opéras de Mozart, que vous citiez avec condescendance, mais que nous sommes tous capables d’apprécier et d’aimer la musique, ne vous en déplaise ? Et cela, sans l’aide d’un critique. Si le travail effectué par un chef vous déplaît, nul n’est besoin de faire des comparaisons qui transcendent le favoritisme malséant.
Je me permets de parler au nom de nombreux mélomanes qui, tout en admirant et en aimant Kent Nagano, admirent et aiment Yannik Nézet-Séguin également. Lorsque vous dites ne pas partager les mêmes valeurs dans vos comparaisons, soyez assuré que nous non plus, face aux vôtres, très mesquines.
Néanmoins, j’apprécie vos connaissances musicales indéniables, mais non vos propos désobligeants.
Réponse du journaliste
Madame Deschamps Niding,
La base de données Eureka, qui recense et analyse les articles de presse, associe les noms Kent Nagano et Christophe Huss avec un indice de tonalité positive de plus de 90 % sur cette saison et de 89 % sur les deux dernières années. Ces statistiques sont largement corroborées par la lecture des comptes rendus de concerts, les prestations hautement louangées (Mahler 8, Bruckner 7, Dvorák 8) contrebalancent les critiques négatives (Concerto pour orchestre de Bartók, Concerto pour violon de Berg), la balance du reste étant plutôt positive ou neutre. Vos phrases « Il n’est plus nécessaire de discréditer Kent Nagano. Nous avons compris cela depuis longtemps » sont, j’en suis désolé, un pur procès d’intention sans fondement portant atteinte à mon intégrité professionnelle. Le texte « Beethoven comme hygiène musicale » vise bel et bien à mieux comprendre la musique de Beethoven en attirant l’attention de tous sur l’importance cruciale de l’enchaînement entre les mouvements dans ses symphonies. Votre lettre nie de fait cette importance, mais vous n’expliquez, hélas ! pas pourquoi.
Christophe Huss