Revaloriser la profession d'enseignant
Pour revaloriser la profession enseignante, le ministre Proulx propose plusieurs mesures, certaines plus intéressantes que d’autres, qui méritent effectivement d’être discutées lors de « conversations franches et ouvertes » entre les divers intervenants du monde de l’éducation, comme il le mentionne lui-même. Il laisse cependant de côté ce qui favoriserait plus intensément une revalorisation de la profession : une gestion participative des établissements scolaires. Les enseignants, les professionnels, le personnel de soutien, voire les élèves et leurs parents devraient pouvoir prendre part aux décisions qui les concernent, non pas au sein d’organes faussement démocratiques, comme les conseils d’établissements ou les comités de participation des enseignantes et des enseignants aux politiques de l’école, mais au travers d’instances réellement démocratiques où leurs voix sont incontournables.
C’est en décentralisant les prises de décisions et en déléguant l’essentiel des pouvoirs aux personnes concernées, ici les enseignants et le personnel de première ligne des écoles, que la revalorisation de la profession, et par extension celle de l’école publique dans son ensemble, s’effectuera en profondeur et durablement. Comme acteurs de premier plan, les enseignants et leurs collègues de diverses professions connaissent les besoins de leurs milieux et sont de ce fait très bien outillés et positionnés pour choisir et allouer les ressources humaines, matérielles et financières pour les combler. En anglais, on appelle ce processus empowerment, littéralement « donner du pouvoir ».
Voilà ce dont a besoin la profession pour se donner un nouvel élan dont tous profiteraient. Cela exigera bien sûr une refonte en profondeur des tâches du personnel et du mode de gestion des écoles comme des commissions scolaires, ce qui constitue à n’en pas douter un très vaste chantier. Adopter la gestion participative comme mode de gestion en éducation est un passage obligé pour revaloriser la profession, à défaut de quoi on sera demeuré en superficie et on aura manqué un rendez-vous avec un beau projet de société où l’éducation serait un pilier fondamental, et surtout l’affaire de tous.