Baisse d’impôt: la classe moyenne abusée

Monsieur le Ministre des Finances,

Grâce au calculateur mis à ma disposition sur le site Web de votre parti, j’ai calculé que j’allais épargner 758 $ en impôt cette année. En ajoutant les 100 $ que vous comptez me verser pour chacun de mes enfants d’âge scolaire, cela fait 958 $. Je devrais être heureux. Je ne le suis pas.

Mon premier enfant fréquente une école dont les bâtiments sont dans un état déplorable, parce que la commission scolaire ne dispose même pas des sommes nécessaires pour financer l’entretien courant de ses écoles. Mon deuxième enfant fréquente une école surpeuplée, parce que l’investissement dans l’infrastructure scolaire ne suit même pas la croissance démographique.

Ces 958 $, Monsieur le Ministre, j’aimerais beaucoup mieux les voir servir à améliorer concrètement le sort de mes enfants et de leurs camarades.

Vous semblez oublier ce que doit à l’éducation publique votre public cible, la classe moyenne. Car c’est l’éducation publique qui a fait la classe moyenne. C’est elle qui a extrait mes parents d’un milieu qui les condamnait aux petits salaires et aux conditions difficiles ; qui en a fait de précieux contribuables, en les formant pour un domaine — l’informatique — qui allait contribuer à la modernisation du Québec ; et qui leur a permis de participer à la croissance de fleurons de l’économie québécoise, comme Desjardins et CGI.

L’éducation publique nous a donné aussi, à ma conjointe et moi, des métiers qui nous permettent de contribuer à notre société sans y laisser notre santé. Et je compte bien qu’elle en fasse de même avec nos enfants.

Ce que vous nous démontrez, avec votre baisse d’impôt, c’est que vous ne croyez pas en l’éducation publique. Et que vous ne croyez pas non plus en nous, qui en sommes les héritiers. La classe moyenne n’est pas digne d’investissement, selon vous. Elle est seulement bonne à acheter.

Eh bien, je vous prie bien humblement, Monsieur le Ministre, de ne pas nous acheter, ma conjointe et moi, mais d’investir plutôt dans l’avenir de nos enfants.

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