Être immigrant dans son propre pays
Depuis plusieurs années, même si je suis citoyen canadien depuis toujours, j’ai l’impression d’être immigrant dans mon propre pays. Mes parents viennent de la Corée du Sud et sont arrivés ici il y a maintenant 50 ans. Je n’ai jamais eu l’impression de venir d’ailleurs, sauf depuis quelques années, alors qu’un clivage entre les gens d’ici et les autres s’installe insidieusement. Pour la première fois de ma vie, j’ai entendu un jeune homme dire à une femme de retourner dans son pays. Oui, oui, ici à Montréal, pas dans le pays de Donald Trump. Est-ce qu’une vague d’extrême droite se prépare ici aussi, je ne sais pas, mais il est temps de s’attaquer au problème maintenant avant que cela ne dégénère.
Mes parents me parlent souvent de la Corée et de la division créée par la guerre froide. J’ai de la difficulté à imaginer un même peuple se séparer pour des chicanes qui les dépassent eux-mêmes. Prendre sa place, c’est une chose, mais imposer une place à l’autre, c’est autre chose.
J’aime le Canada et le Québec et comme tout le monde, je comprends la réalité de plus en plus concrète de la radicalisation. Les communautés doivent agir ensemble pour ne pas laisser monter les préjugés. Les partis politiques, tous les partis politiques, doivent faire un examen de conscience. L’exemple part d’en haut. On a tous un devoir moral d’agir et de se rapprocher de l’autre.
Je n’aime pas penser que je ne suis pas à ma place ici. Quand on fait des remarques à une personne par rapport à sa culture, on la heurte profondément. On est tous humains et jamais on n’a résolu un problème sans une bonne communication ! Les médias y ont aussi un rôle à jouer.