Lettre au ministre Sébastien Proulx
Quatre enseignants sur dix au Québec ne savent pas à qui ils vont enseigner, ne connaissent ni le niveau de leurs élèves ni le contenu à enseigner, et ne savent pas dans quelle école ils seront affectés pour l’année scolaire 2017-2018. Ils connaîtront leur tâche d’enseignement seulement vers le 20 août 2017. Chaque année, ces enseignants à statut précaire apprennent tardivement les paramètres de leur assignation pour l’année scolaire qui commence quelques jours plus tard. La plupart d’entre eux vivent cette situation depuis plus de sept ans. Vous aurez deviné que cette situation a un impact majeur sur les élèves et diminue considérablement les efforts constructifs du ministère de l’Éducation et du milieu pour réduire le décrochage et augmenter les taux de réussite.
Voici une liste de quelques-uns des impacts de la situation de ces enseignants à statut précaire :
Très peu, ou pas de temps pour se préparer à enseigner une nouvelle matière, un nouveau niveau avec du matériel à apprivoiser. Par exemple, un enseignant de maths de 1re secondaire qui obtient une tâche de maths en 3e secondaire et 4e secondaire SN ; ou une enseignante de sciences de 3e secondaire qui obtient une tâche en sciences ST-STE et un groupe d’élèves en difficulté AT de 2e secondaire.
La plupart du temps, les enseignants à statut précaire du secondaire héritent d’une tâche multiniveaux et multidisciplinaire avec un horaire chargé au maximum permis de 28 cours/9 jours.
Très peu de temps pour se préparer au type d’élèves à enseigner, à une classe en mesure d’appui, au type d’élèves en adaptation scolaire au primaire.
En changeant d’école et de tâche chaque année, l’enseignant dispose de trop peu de temps pour améliorer et adapter ses outils pédagogiques et son matériel.
Intervenants, professionnels et culture du milieu sont à découvrir au gré des jours selon le temps disponible.
Aucun ou peu de sentiment d’appartenance au milieu, implication réduite.
Ces enseignants s’y habituent et disent « on prend une année à la fois… » ; c’est devenu normal, cela fait partie des moeurs de notre système.
Monsieur Proulx, j’espère que vous pourrez prendre les mesures nécessaires afin de diminuer le nombre d’enseignants à statut précaire et la durée de la précarité. Cela contribuera grandement à vos efforts de réduction du décrochage, à l’augmentation du taux de réussite des jeunes du Québec et à la valorisation de la profession d’enseignant.