Montréal, menace no 1 pour nos sols arables

Voilà ce dont nous prévenait en 1976 Paul G. Lajoie, qui a consacré sa vie à l’étude des sols agricoles et forestiers.

La perte de sol arable est un des nombreux problèmes créés par la croissance incontrôlée des villes géantes. On retrouve 80 % de nos sols arables, les plus fertiles, dotés du meilleur climat, dans la plaine du Saint-Laurent, autour de Montréal, qu’elle envahit dans toutes les directions. Huit millions de Québécois ne disposent que de 2,5 millions d’hectares de sol cultivable. C’est très peu si on considère que la Saskatchewan et la France possèdent chacune 25 millions d’hectares. La plus belle et la meilleure terre qu’on saurait voir, constatait Jacques Cartier le 2 octobre 1535 à la vue des chênes et des champs de maïs entourant le village d’Hochelaga et ses 2000 habitants, protégés par une palissade à trois rangs de 40 pieds de haut.

Ce qui était évident pour Cartier il y a 500 ans semble échapper encore à nos édiles. Quarante ans après le zonage agricole qui aurait dû servir à densifier, le développement se fait encore un peu partout de façon anarchique sur les 2 % de sol arable au gré des promoteurs. Et ceci en dépit du fait que les sols pauvres du Bouclier canadien sont à moins de 50 kilomètres de Montréal et encore plus près de Gatineau et de Québec. Le Québec ne produit plus que 30 % de ses aliments. Quelques jardiniers obtiennent un revenu de 150 000 $ sur un seul hectare. Ce qui démontre, mais ne peut excuser, l’imprévoyance de la majorité des élus (rarement loin des promoteurs, dont la ville n’est jamais assez grosse) et qui, comme l’ex-maire Vaillancourt de Laval, continuent d’asphalter notre garde-manger.

Au lieu de densifier et de diriger le développement sur des sols pauvres afin de protéger ce patrimoine, on affaiblit la CPTAQ, on élimine les référendums municipaux et on se moque du BAPE qui exprimait des réserves au sujet du train électrique.

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