La tuerie du jour

J’éprouve toujours une lourde tristesse et une vive incompréhension au lendemain de l’attentat. Je vis une compassion immense pour les victimes et leurs proches et un sentiment d’impuissance auquel je me suis résignée. J’ai l’impression, durant les dernières années, de m’être résolument habituée à lire ce genre de nouvelles dans les journaux pour chaque fois m’indigner devant ces barbaries. Comme si ma réaction était désormais prévisible, calculée. Parce qu’on dirait que les mots « attentats », « terrorisme », « fusillade », « tuerie » sont les maux de la dernière décennie. Comme s’ils font partie de notre quotidien planétaire. Il n’y a pourtant pas plus gros oxymore, plus grand antonyme qu’attentats et quotidien, que fusillade et hebdomadaire, que tuerie et aujourd’hui.

En écrivant ces lignes, je maudis les mots qui précèdent, et encore plus aujourd’hui, alors qu’ils ont frappé chez moi, dans mon Québec fier et libre. Dans ma belle, belle province si accueillante. Ils ont frappé sans scrupule au coeur de son ouverture d’esprit et de sa liberté d’expression. Aujourd’hui, c’est mon coin de pays qui se retrouve à la une de tous les pays du monde. Comme d’autres s’y sont retrouvés trop souvent dernièrement. Le 29 janvier sera désormais taché de rouge aux côtés du 11 septembre, du 3 novembre, du 22 mars et de toutes ces autres journées qu’on a tuées.

Mais pour que ces journées ne deviennent pas la normalité, pour que ces actes profondément sauvages ne se figent pas au calendrier, soyons ici chez nous. Pour faire en sorte que ce titre, si durement choisi, n’en soit plus rien.

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