Ne renions pas notre humanité

Monsieur Ahmed Hussein, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Canada

Madame Kathleen Weil, ministre de l’Immigration, Québec

Dans un contexte de crise mondiale des réfugiés, où des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes cherchent à fuir la guerre, la misère et l’insécurité, nous nous adressons à vous en votre qualité de ministres de l’Immigration ayant le pouvoir d’agir et de faire honneur aux valeurs de solidarité dont nous nous targuons ici comme à l’étranger.

Le 9 janvier dernier, Québec annonçait la suspension à partir du 27 janvier de toute nouvelle demande de parrainage collectif, alors même qu’un mouvement citoyen sans précédent prend vie pour accueillir ces populations. Pour justifier sa décision, Québec invoque notamment les retards indus dont souffrent les groupes de parrainage, alors que toutes et tous savent que l’allocation de ressources supplémentaires modestes permettrait de régler ce problème. Pour nous, cette décision n’est pas « pragmatique » ou « responsable », comme l’entend le gouvernement du Québec. Elle est avant tout idéologique. Le gouvernement du Québec n’a pas à cautionner l’inertie du gouvernement fédéral qui est principalement à l’origine des retards indus.

Aussi, Québec justifie sa position en s’appuyant sur la décision d’Ottawa de réduire les « cibles » de personnes réfugiées annuellement et de resserrer les critères d’admissibilité. Ainsi, des 10 000 personnes en cours d’examen fin 2016, une grande partie ne foulera pas le sol québécois avant 2018, voire 2019. Et pour 2017, Québec ne permettra qu’à 4400 personnes déjà parrainées par le programme collectif de trouver refuge ici, une baisse significative par rapport à 2016. L’écrasante majorité de ces personnes sont attendues par des gens prêts à les prendre en charge et à les accompagner, pour leur installation. Le parrainage collectif implique en effet que des citoyennes et des citoyens assument la responsabilité morale et financière de l’intégration de personnes réfugiées.

Derrière ces « dossiers » en attente, il y a des visages que nous voyons sur Skype, des voix que nous entendons au téléphone, des histoires et des familles forcées à fuir la guerre, à vivre dans l’extrême précarité et dans l’attente, des familles avec lesquelles nous avons tissé des liens sur la simple base de notre humanité commune.

Alors que Québec parle de respecter la « capacité d’accueil » de la province, mentionnons à titre d’exemple que la MRC de L’Assomption n’a accueilli à ce jour aucune personne réfugiée, malgré l’engagement de parrains et de marraines. Cette MRC compte 120 000 habitants.

Ottawa et Québec prennent aujourd’hui une décision politique qui nous privera, comme citoyens, de notre droit à manifester notre solidarité envers les personnes réfugiées. Le refuge est un droit et non un privilège.

Nous demandons que les gouvernements canadien et québécois haussent les « cibles » d’accueil des personnes réfugiées à la hauteur des besoins et de l’élan de générosité exprimé par une grande partie de la population.

Nous demandons que les gouvernements du Canada et du Québec allouent les ressources humaines nécessaires au traitement, dans un délai raisonnable, des demandes de parrainage qui émanent des divers secteurs de la société civile

 

Nous demandons que le gouvernement québécois annule la suspension du programme de parrainage collectif, un formidable outil pour faire de l’intégration des personnes réfugiées une source de richesse pour la société québécoise dans son ensemble.

Nous demandons que les gouvernements fournissent l’aide nécessaire aux groupes de parrainage pour mener à terme leurs démarches de solidarité.

Nous demandons une société qui accueille.

 

Nous demandons une société qui ne renie pas son humanité.

Signataires :

  • Feras Darwish, activiste et père de famille ayant bénéficié du programme de parrainage collectif, Montréal-Alep
  • Marwa Darwish, mère de famille ayant bénéficié du programme de parrainage collectif, Montréal-Alep
  • Jacques Godin, comédien, Montréal
  • Alain Stanké, journaliste, éditeur et producteur, Montréal
  • Lorraine Guay, infirmière retraitée et membre d'un groupe de parrainage collectif
  • Andrée Lévesque, historienne et marraine de réfugiés
  • Ariel Franco, enseignant et parrain en attente d’une famille de personnes réfugiées, L’Assomption
  • Diane Lamoureux, professeure retraitée de l'Université Laval, membre d’un groupe de parrainage collectif
  • Gabrielle van Durme, marraine d’une famille de réfugiés, Montréal
  • Maude Ménard-Dunn, enseignante, mère, marraine d’une famille de réfugiés, Montréal
  • Rafaëlle Sinave, enseignante, marraine d’une famille de personnes réfugiées, Montréal
  • Barbara Rufo, citoyenne, Montréal
  • Dominique Morin, «game designer» et père de deux enfants, Montréal
  • Natalie Laguë, Montréal
  • Marie-Pier Savard, enseignante et mère
  • Edith Cordeau-Giard, traductrice et réviseure, Montréal
  • Denis Blaquière, réalisateur solidaire de la famille Darwish, Saint-Jean-Baptiste
  • Carmen Giroux, enseignante solidaire de la famille Darwish, Saint-Jean-Baptiste
  • Hélène Larose, retraitée de l'enseignement et marraine d'une famille de réfugiés, Montréal
  • Véronica Ponce, enseignante et marraine d'une famille de personnes réfugiées, Montréal
  • Philippe Lavallée, conseil en développement durable, parrain d’une famille de personnes réfugiées, Montréal
  • Denise Trottechaud, retraitée et grand-mère, Gatineau
  • Julie Langelier, gestionnaire de projets humanitaires et mère, Montréal
  • Noémie Pomerleau-Cloutier, formatrice en alphabétisation populaire, citoyenne engagée et solidaire, amie d'une famille de réfugiés parrainés, Montréal
  • Véronique Laflamme, organisatrice communautaire et porte-parole du FRAPRU, Québec
  • Kim Doré, éditrice, Montréal
  • Amine Jubaili, gestionnaire, père et parrain d'une famille de personnes réfugiées, Montréal
  • Pascale-Audrey Moriconi, Montréal
  • Pascale Brochu, directrice, développement organisationnel - mobilité internationale, mère et marraine d'une famille de personnes réfugiées, Montréal
  • Johanne Ménard, auteure et éditrice, grand-maman d'accueil d'une famille de réfugiés, Montérégie
  • Laurence Elmoznino, enseignante, Montréal
  • Yara Atay, adjointe administrative, marraine d'une famille de réfugiés, Montréal
  • Claude Lapointe, travailleur autonome, Montréal
  • Stéphane Thellen, professeur au cégep du Vieux-Montréal, Sainte-Martine
  • Lama Aldamman, chargée de cours, marraine de trois familles de personnes réfugiées, Montréal
  • Vanessa Gordon, professeure au Département de science politique du collège Dawson, Montréal
  • Maud Bousquet, citoyenne, Montréal
  • Anna Rubin, fondatrice et gérante du Studio Sol; fondatrice, danseuse et chorégraphe de la compagnie Luz Oscura Flamenco, mère de Max et de Ruby
  • Catherine Bélanger Sabourin, doctorante, chargée de cours à l'École de travail social de l'UQAM, mère et aspirante marraine
  • Sophie Roy, enseignante, mère de famille, citoyenne engagée, Montréal
  • Ginette Racine, grand-mère, auteure dramatique, en solidarité avec tous les réfugiés du monde, Repentigny
  • Yasmine Charara, conseillère pédagogique, Kuujuuaq
  • Julien Villeneuve, enseignant, Montréal
  • France Désaulniers, citoyenne, Saint-Lambert
  • Nicole de Sève, syndicaliste féministe retraitée et très active, Montréal
  • Lise Gervais, Montréal
  • Carole Yerochewski, sociologue et chargée de cours, candidate au marrainage de familles de réfugiés syriens
  • Anne Plourde, Saint-Jean-sur-Richelieu
  • Guylaine Poirier, coordonnatrice, Montréal
  • Anne Latendresse, professeure au Département de géographie de l'UQAM
  • Isabelle Mailhot-Leduc, membre d'un groupe de parrainage collectif, Montréal
  • Marie-José Corriveau, coordonnatrice et militante pour le droit au logement
  • Éliane Leroux, vétérinaire, marraine d'une famille de personnes réfugiées, Gatineau
  • Olivier Hernandez, astrophysicien, père et parrain d’une famille de personnes réfugiées, Montréal
  • Valérie Patreau, directrice d'une équipe de recherche, mère et marraine d’une famille de personnes réfugiées, Montréal
  • Danielle Gauthier, médecin retraitée, membre d'un groupe de parrainage
  • Colleen Thorpe, directrice dans une ONG environnementale, mère et marraine d'une famille de personnes réfugiées, Montréal
  • Malek Batal, professeur d'université et parrain d'une famille de personnes réfugiées
  • Philippe Lapointe, vice-président île de Montréal au Conseil régional FTQ Montréal métropolitain, Montréal
  • Lisane Lanoie, Varennes
  • Joulnar El Husseini, interprète, Montréal
  • Nouhad Sawaf, interprète et étudiante en travail social, Montréal, de Damas
  • Léa Touzé, travailleuse culturelle, Montréal
  • Thomas Woodley, président de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO)
  • Manon Leroux, historienne, mère et marraine d'une famille de personnes réfugiées en attente, Montréal
  • Antoine Fillion, étudiant en enseignement et donateur pour une famille de réfugiés, Varennes
  • Jessica Olivier-Nault, politologue et chercheuse au Conseil provincial des affaires sociales du SCFP-Québec, Montréal
  • Félix Beaudry-Vigneux, adjoint en gestion de projets en développement international, Québec
  • Claudia Cobos, chargée de programmes – Immigration au CREDIL (Comité régional d'éducation pour le développement international de Lanaudière), au nom de toute l'équipe du CREDIL, Lanaudière
  • Renée St-Pierre, citoyenne
  • Fanny Theurillat-Cloutier, marraine de personnes réfugiées, Montréal
  • Lilianne Issa, citoyenne, Montréal
  • Aouatef Benlemmouden, marraine de personnes réfugiées, Montréal
  • Jérôme Bertrand, parrain de personnes réfugiées, Montréal
  • François Robichaud, parrain de personnes réfugiées, Montréal
  • Pierre LeBel, parrain et citoyen, Montréal
  • Monique Belley, marraine, Saint-Ulric-de-Matane
  • Nicole de Sève, syndicaliste et féministe, Montréal
  • Deborah Schoen, marraine de personnes réfugiées, Montréal

 

Pour appuyer notre déclaration : http://www.collectif-refugies.org/

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