La proposition de la CAQ rendue caduque avant son adoption

Le futur article 1 de la CAQ, claironné par Louis Dion, le 7 novembre dans Le Devoir, est déjà caduc avant son adoption. Je lui réponds que l’indépendance, par la force des choses, est rendue nécessairement nécessaire.

Monsieur Dion se réfère au slogan de Daniel Johnson père : « Pas nécessairement l’indépendance, mais l’indépendance si nécessaire ». Il se retournerait dans sa tombe s’il savait que la langue officielle et commune au Québec ne peut être le français dans ce régime fédéraliste. Et que le gouvernement du Québec, qu’importe le parti qui le dirige, ne peut défendre ce statut de langue officielle et commune dans le cadre constitutionnel actuel.

En effet, l’oeuvre récente, magistrale, du spécialiste Me Éric Poirier sur les 40 années d’application de la loi 101, aboutit à une règle de lecture globale, cohérente et structurée du système juridique sur la question. Cette règle ne tient pas compte des intentions du législateur, mais plutôt des principes qui soutiennent l’édifice juridique complet, dont la Constitution canadienne et les chartes.

Il en reste que, pour respecter les intentions de faire de la langue française un référent fondamental et relationnel incontournable au Québec, « la nécessité d’une réelle rupture avec l’ordre juridique existant » s’impose.

À l’évidence, toute loi québécoise ne peut infirmer une décision des juges de la Cour suprême. Pour clouer le dernier clou, la nomination de ces juges est exclusivement de compétence fédérale.

Incontestablement, un changement de l’ordre juridique, dans les circonstances — du renégat de premiers ministres canadiens sur l’entente de Meech et de deux référendums aux engagements des fédéralistes victorieux qui se sont transformés en enfermement constitutionnel, en corruptions et mesquineries sans précédent — ne peut que faire valoir la nécessité de la nécessaire indépendance.

Conséquemment, la proposition de la CAQ de défendre la langue de la nation québécoise dans le cadre fédéral n’est que du caquetage nuisible aux réels intérêts du Québec et surtout un vol politique à l’esbroufe de mirage.

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