L’insupportable vie scolaire
Rien n’est moins innocent que le laisser-faire, souligne Pierre Bourdieu dans son livre La misère du monde. Les verdicts scolaires font partie dans nos sociétés des innombrables atteintes à la liberté mais l’obsolescence des partis politiques, incapables d’apporter des idées neuves, de mobiliser des énergies collectives et de prendre le problème de l’exclusion scolaire de front, souligne la vétusté de notre théâtre politique coupé de cette réalité.
En 2012-2013, 50 064 élèves ont quitté l’école sans diplôme ni qualification, un problème qui se répète année après année. C’est ahurissant. Que deviennent-ils ? Que font-ils ? Le monde politique devant cette énormité se montre incapable de mettre en scène un consensus sur le fond du problème et sur lequel on pourrait construire l’avenir, à savoir une autre école en milieu défavorisé. Le laisser-faire et le fatalisme l’emportent encore.
Les mécanismes scolaires producteurs de l’échec et de son corollaire, l’abandon — dit autrement, l’exclusion —, sont connus. Ne pas tirer parti des possibilités qui s’offrent, ne pas faire face à ses responsabilités et à ses devoirs revient à démissionner, à refuser de prendre les moyens d’utiliser les marges de manoeuvre laissées à l’action. C’est honteux. En politique le sens moral s’en est allé.