Il est tout à fait injustifiable, délirant et rétrograde de dépenser 40 millions en fonds publics pour transformer le pont Jacques-Cartier en décoration de Noël permanente. Je fais appel à votre bon sens et à une vigoureuse intervention de votre part.

Le 375e anniversaire de Montréal mérite d’être souligné, mais pas au point d’installer un dispositif lumineux pour orner un pont au coût de 40 millions de fonds publics, qu’il vaudrait mieux investir dans la réparation de nos rues à moitié défoncées.

Vous argumenterez que vous investissez déjà beaucoup dans nos infrastructures, mais vous ne convaincrez aucun automobiliste qui emprunte la rue Papineau entre les boulevards Henri-Bourassa et Crémazie, pour ne citer qu’un exemple entre des milliers d’autres.

Je me méfie également de ce penchant des élus montréalais à promouvoir des projets qui font dans le joli (Bixi) et le tendance (ville branchée) qui leur feront bonne et copieuse presse. Nous avons déjà eu un maire qui croyait que « le peuple a besoin de monuments ». Il nous a laissé quelques factures.

Les promoteurs soulignent qu’ils ont consulté des groupes de discussion qui réclament que notre ville soit belle pour son 375e. Une campagne de propreté appuyée d’une réglementation plus musclée serait certainement plus appropriée pour attiser notre fierté de Montréalais.

Cette idée aberrante d’illuminer « comme un kaléidoscope » un pont et le ciel va également à l’encontre de ce qui se fait ailleurs, où on diminue et rabat les éclairages vers le sol afin que les citoyens puissent voir la Voie lactée qui est devenue occultée en milieu urbain. Parlez-en avec les membres de la Société d’astronomie du Planétarium de Montréal qui doivent s’exiler à plusieurs kilomètres pour fuir la pollution lumineuse de notre métropole.

À l’époque où Hydro-Québec incite ses clients à réduire leur consommation électrique, on propose d’alimenter 88 000 ampoules sur dix ans. Vous me direz que ce sont des ampoules à faible consommation, je crois que c’est de l’énergie mal dépensée pour la gloriole de ses promoteurs.

Monsieur le Maire, à titre de contribuable, je m’attends à ce que vous mettiez votre pied à terre et consacriez les 40 millions de ce projet à d’autres fins moins éblouissantes, mais plus urgentes. La liste est longue.