Le revenu annuel garanti: une vraiment bonne idée!
Parlant de « fausse bonne idée », on peut difficilement trouver mieux que celle avancée par Louis Philippe Rochon et Guillaume Vallet (« Le revenu annuel garanti : une fausse bonne idée ? », le 2 juillet 2016), selon laquelle la mise en oeuvre du revenu minimum garanti se devrait d’être assortie d’une politique de plein emploi, comme si l’opportunité de la sécurité du revenu était conditionnelle à des attentes optimales au chapitre de la création d’emplois ! Par ailleurs, le fait que « le travail offre une meilleure rémunération qu’un revenu minimum garanti », ce qui est l’évidence même, n’en fait pas pour autant une voie à privilégier pour venir à bout du fléau de la pauvreté, d’autant moins dans une économie de marché capitaliste, fortement axée sur la concurrence, où le phénomène du chômage structurel, s’il n’est pas formellement préconisé, n’en est pas moins cautionné, étant donné qu’il procure, en ce qui a trait aux ententes salariales, un pouvoir de négociation appréciable aux employeurs, toujours naturellement désireux de réduire autant que possible les coûts du travail qu’ils ne le sont d’augmenter les profits qui en résultent.
Contrairement à ce que semblent suggérer MM. Rochon et Vallet, le revenu minimum garanti n’a pas à être une solution de remplacement au salaire minimum ou à la syndicalisation, sa fonction principale devant plutôt être de resserrer les mailles du filet de sécurité sociale de façon à ce que les travailleurs à faible revenu puissent prendre un certain élan tout en assurant un niveau de vie raisonnable à ceux qui, pour une raison ou une autre, demeurent exclus du marché du travail. De plus, sans pour autant paver la voie vers l’idéal du plein emploi, il tendrait à faciliter une intégration plus stable, si ce n’est permanente, des travailleurs au bas de l’échelle en rendant le travail rémunéré plus valorisant, car plus équitable.
Ainsi, l’instauration du revenu minimum garanti, grâce à son pouvoir d’intégration, aurait ultimement pour effet de raffermir le lien concret entre l’individu et la société, et non pas de l’amoindrir, comme le craignent MM. Rochon et Vallet. Somme toute, une vraiment bonne idée !