Punir l’emportiérage
En attendant sa réforme du Code de la sécurité routière, le ministre des Transports vient d’augmenter à 300 $ l’amende en cas d’emportiérage d’un cycliste. Fort bien, mais sera-t-elle appliquée ? Une amie qui a vécu cette situation a entendu le policier dire à son « agresseur » : « J’aurais pu vous donner une contravention de 35 $ [à l’époque]. » Il lui avait suffi de dire qu’il ne l’avait pas vue. Mais pourquoi se limiter à une amende ? Dans le cas du dépassement d’un autobus scolaire arrêté pour laisser sortir les enfants, on l’assortit de 9 points d’inaptitude. Sur un permis de conduire qui en comporte 12, ça fait mal, car à la prochaine infraction, le permis est révoqué pour au moins trois mois. C’est donc sans surprise qu’on voit peu d’automobilistes passer outre aux feux d’arrêt des bus scolaires. Pourtant, on inflige ici 9 points d’inaptitude pour limiter le risque d’un accident potentiel. Dans le cas de l’emportiérage, l’accident est avéré, mais on se limite à une amende, qu’on risque fort de ne pas appliquer de surcroît. Si une telle négligence « coûtait » aussi 9 points d’inaptitude, la prudence deviendrait la norme au moment d’ouvrir sa portière, et l’accident ne surviendrait pas trois fois par semaine à Montréal seulement !