Cécité théorique de Thériault et Vallée

Les prises de position des ministres Thériault et Vallée à l’égard du féminisme témoignent d’une cécité théorique, ou, autrement dit, d’une incapacité à voir leurs parcours professionnels et leur mission à titre de ministre de la Condition féminine et de la Justice au travers de cadres théoriques sensibles aux asymétries. Ces cadres théoriques sont utiles pour lire les inégalités sociales, utiles pour débusquer les nombreuses formes de domination qui pèsent, à différents degrés, sur plusieurs groupes populationnels (femmes, enfants, pauvres, etc.). Utiles aussi, et c’est peut-être là que le bât blesse le plus, pour interpréter les conséquences sociales et éthiques des actions politiques et économiques menées par le gouvernement de M. Couillard dans les dernières années. Les enjeux d’une discussion sur ce qu’est le féminisme sont nombreux. Parmi eux, on peut compter celui, social, de l’anesthésie épistémologique qui consiste pour des personnes à dénier leur point de vue au profit de points de vue imposés par les autorités. Cette anesthésie permet à des personnes opprimées d’éviter la douleur (ou le désespoir) encourue par le déni de leurs savoirs, de leurs espoirs et des difficultés qui jalonnent leur quotidien. La vivacité de la couverture médiatique des affirmations malheureuses des ministres Thériault et Vallée illustre la pertinence de familiariser les jeunes (et les moins jeunes) avec les tenants et aboutissants du féminisme. Contrairement à ce que pourraient penser les principales protagonistes de cette saga, une connaissance minimale des fondements et de l’histoire du féminisme leur aurait facilité la vie politique en leur permettant d’articuler un propos plus cohérent.

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