Se faire entendre
Hier, j’ai écrit à Justin Trudeau pour lui parler de lutte contre les changements climatiques et du pipeline Énergie Est. À ma grande surprise, quelqu’un (un dénommé Jon) m’a répondu dans un courriel personnalisé qu’il allait transmettre ma lettre (qu’il avait visiblement lue) au bureau parlementaire de M. Trudeau. Peut-être M. Trudeau lira-t-il ma lettre, ou pas. Une chose semble néanmoins certaine, au moins deux personnes attachées de près ou de loin au Parti libéral auront lu cette lettre. C’est deux personnes de plus.
Aujourd’hui, nous apprenons que l’acceptabilité sociale du projet de pipeline pourrait peser lourd dans la balance décisionnelle. Toute personne concernée devrait donc prendre quelques minutes de son temps pour signifier son désaccord au sujet du projet Énergie Est à l’un de ses élus. Nos voix doivent être entendues.
Je conclurais par cette citation de Dominique Pestre, historien des sciences, tirée de son ouvrage À contre-science. Politiques et savoirs des sociétés contemporaines (2013) : « […] L’immense majorité des avancées — que ce soit en 1800 ou aujourd’hui — sont advenues à la suite de mobilisations extérieures aux systèmes officiels de régulation. Contrairement à ce que manageurs, ingénieurs, politiciens et experts du risque voudraient nous faire croire, c’est la contestation massive qui conduit les départements ministériels, les industriels, les comités de sécurité et les cours de justice à modifier leurs attitudes. […] Pour qu’un progrès émerge, pour que la précaution advienne, il est préférable qu’existe une contestation extérieure à l’ordre expert, industriel et régulateur. »
La balle est dans notre camp.