Bien placer son vote

Faisons une distinction. Le vote stratégique n’est souvent qu’une façon alambiquée de parvenir à des fins personnelles. Il s’appuie sur la ruse et un sens ludique de la politique. Il existe une autre façon de voter à distance de ses convictions. Quand, par les temps modernes — qui courent un peu trop vite —, un gouvernement dirige son pays du haut d’un mauvais baril de pétrole, quand il muselle les scientifiques de ses services qui pourraient le contredire sur les enjeux planétaires, quand il appauvrit progressivement l’organe de radiotélévision autour duquel une communauté fondatrice du pays s’est consolidée, quand ce gouvernement, par ailleurs va-t-en-guerre virulent, tourne le dos aux plus déshérités (Premières Nations, réfugiés et autres) au nom d’un sens de la loi et de l’ordre assez primitif, on peut lui signifier poliment son renvoi en votant d’une manière qui met temporairement entre parenthèses ses intérêts immédiats. Le petit crochet judicieux alors apposé sur un bulletin dans un généreux effort de lucidité, qui va plus loin que le bout de son nez, appelons-le « vote humanitaire ».

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