La signification du vote dans une élection
Le dilemme de voter stratégiquement ou selon ses convictions profondes s’inscrit dans une problématique plus fondamentale que celle à la base des approches à première vue, circonstancielles ou partisanes de cette question.
Voter d’abord et avant tout pour écarter du pouvoir un premier ministre et un gouvernement que l’on abhorre laisse sous-entendre que, pour un temps plus ou moins long, l’électeur ou l’électrice renonce en partie ou en totalité à l’expression et à l’avancement au sein d’un parlement d’une partie de ce qu’il estime le meilleur pour le progrès intégral du milieu socioculturel où il vit. Voter en démocratie est un geste trop important et relativement peu fréquent à chacun des ordres de gouvernement pour procéder à une telle automutilation de sa personnalité citoyenne, cette automutilation fut-elle seulement provisoire et partielle.
Comme pour n’importe quel autre acte humain, le vote à une élection ne dispense pas de l’exigence d’authenticité et de fidélité à soi-même sans dissimulation, nécessaire à la bonne santé de toute vie démocratique conforme à l’ensemble du contenu désigné par ces deux mots. Voter en laissant hors de l’isoloir une partie de ses convictions, c’est travestir un acte à la teneur et à la signification hautement démocratiques.