Les tanneries

MM. Couillard et Poëti,

Dans deux ans, nous allons faire la fête ! Montréal aura 375 ans, le pont Jacques-Cartier sera illuminé, etc. Mais moi et d’autres, certainement, nous nous souviendrons aussi que les Tanneries, établies pour la première fois en 1685, seront recouvertes de béton par le gouvernement du Québec par… Par quoi ? Par une autoroute, des millions d’automobiles, des camions et des chemins de fer !

Les premières tanneries sont nées au début de la Nouvelle-France alors que Montréal existait depuis moins de 50 ans. Les tanneries ont été, en quelque sorte, les premières entreprises dans la Nouvelle-France à donner de l’emploi à Ville-Marie ; Talon était là, Frontenac aussi… Les vaches, les boeufs, les veaux, les chevreuils, les orignaux et quoi encore contribuaient à la subsistance des colons, des soldats et de la bourgeoisie. Ils servaient aussi à leur vendre des fourrures, des bottes, des mitaines et des chapeaux de cuir pour l’hiver qui était très rude. Au début de 1800, plus de la moitié des habitants vivaient des métiers du cuir (Héritage Montréal).

Ironie dans tout cela, c’est que Philippe Turcot, le père en quelque sorte de l’échangeur Turcot, travaillait, au milieu des années 1850, avec Louis Boyer et d’autres, et vendait… des pelleteries !

La petite rivière Saint-Pierre est disparue, tout comme le lac à la Loutre, exactement où est aujourd’hui l’échangeur du nom de Turcot. Est-il possible, au moins, de sauver ce qui reste du Village des tanneries ? Les artefacts sont importants : soucoupes, vaisselles, bouteilles, mais beaucoup moins que l’endroit où ça s’est passé, là où les pierres vivent encore.

Nous ne sommes plus des analphabètes, que je sache. Si le gouvernement est capable de dépenser 200 millions pour une compagnie, pourquoi ne serait-il pas capable de dépenser quelques millions pour l’histoire, notre histoire ? Qu’attendent les historiens pour prendre la rue si nécessaire ?

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