Je vote québécois
Parmi les grands enjeux de la campagne fédérale, il y a d’abord cet immense et insensé projet Énergie Est visant à permettre aux Majors pétroliers des sables bitumineux de faire main basse sur le territoire québécois pour aménager la grande Route des huiles vers les marchés continentaux. Dans ce dossier, les trois grands partis nationaux (PC, PLC, NPD) sont sur la même longueur d’onde : l’économie et les affaires d’abord, la planète ensuite. Et les rivières, et les tourbières et l’eau potable de nos gens ? Exempter la Colombie-Britannique, mais pas le Québec. On appelle au vote stratégique : « Anybody But Harper ». Qu’avons-nous fait de notre mémoire ? N’est-ce pas le gouverneur Elgin qui, aussi loin qu’à l’élection de 1847, juste avant que ne soit aboli le Parlement du Québec, affirmait la nouvelle stratégie politique canadienne : « Tant que les Canadiens français ne seront pas scindés en partis politiques s’unissant aux partis britanniques, il ne sera pas possible d’arriver à une cohésion dans notre administration. » Même si la démographie a modifié les rapports de force, pendant longtemps, on a eu besoin du vote québécois pour régner en maître à Ottawa.
Chaque fois que les Québécois ont répondu oui au chant des sirènes d’un de ces partis, la trahison aura sévi : abolition sans riposte des écoles françaises dans les provinces canadiennes, main basse systématique sur les compétences du Québec, imposition, en 1982, d’une constitution sans son accord et avec l’appui de toutes les provinces. Aujourd’hui, l’enjeu énergétique. Rien à attendre du NPD ; son chef est pour la route des huiles et il a déjà lui aussi trahi les Québécois du temps où il était avocat d’Alliance Québec. Reste l’option du « vote sympathique » : le Parti vert avec ses 5 % de voix. Mais depuis quand la sympathie a-t-elle à voir avec les intérêts stratégiques ? La seule façon de bloquer la voie aux arnaqueurs qui « veulent notre bien », c’est un gouvernement minoritaire dans lequel le Bloc québécois détiendrait la balance du pouvoir.