Le sens des mots

On trouve dans les médias des « éléments de langage » toujours surprenants et quand ils sont répétés souvent, ils passent dans le langage courant avec leur nouveau sens ou des applications inattendues.

C’est ainsi que Bouchard et Couillard, deux linguistes reconnus, affirment que les « intégristes » ne sont pas des « terroristes ». Cela répété assez souvent peut amener à croire que les intégristes sont tout simplement des gens qui… s’intègrent bien dans une société, alors que les terroristes, eux, ce sont ceux qui désintègrent cette même société. Intégristes toujours, mais terroristes un jour.

Dans un autre ordre d’idées où, en général, on ne fait pas dans la nuance, on apprend que les soldats canadiens ne participent plus à des « combats » au sol en Irak, mais bien à des « altercations » au sol. J’entends d’ici les ennemis qui crient « Messieurs les Canadiens, tirez les premiers » et nos soldats qui répondent par des gros mots alors qu’en guerre, la règle c’est « violence verbale tolérance zéro ». Il est vrai qu’il y a des mots qui peuvent blesser et que le ministère de la Défense (en bon français : « de la Guerre ») avait promis que nos soldats ne participeraient pas à des combats au sol. Il suffit donc de changer le sens des mots et le tour est joué. La prochaine étape, en poussant encore plus loin, sera de dire que nos soldats participent à un « débat démocratique » au sol.

C’est vrai que les politiciens ont du mal à départager le vrai du faux et ils ont tendance à minimiser les maux en les affublant de mots dont le sens a été tordu.

Et que dire de la querelle dans certains pays où il ne faut surtout pas dire que l’on mène une politique de « rigueur », mais plutôt une politique d’« austérité » ? Cela n’améliore pas la situation, mais ça paraît moins austère et la pilule est aussi dure à avaler.

Ah, les maux engendrés par des mots ! On est loin d’être sorti de la langue de bois !

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